Personne n’a rien vu
A la fin de l’été, trois faits divers ont défrayé la chronique. A Colmar, un père de famille et son épouse ont été mis en examen et écroués pour viol, agression sexuelle, corruption de mineurs et détention d’images pédopornographiques. Quatre de leurs enfants, âgées de 3 à 15 ans, étaient leurs souffre-douleur, depuis 2002. En Autriche du nord, un homme de 80 ans a été arrêté pour coups et blessures, torture ou négligence sur mineurs, menace et viol. Il séquestrait ses filles depuis les années 1970. Une Brésilienne de 44 ans a été acquittée du meurtre de son père qu’elle avait commandité. Les assassins condamnés à 17 ans de prison, elle, elle sort libre : son père l’avait violée pendant 35 ans et l’avait mise enceinte douze fois. Il s’apprêtait à continuer avec sa petite-fille. De ce tour du monde de l’horreur, on retiendra un point commun : les exactions commises durant parfois des décennies, l’on été, sans que personne semble ne rien voir ou n’ose intervenir. La protection de l’enfance fonctionne avec deux impératifs contradictoires : la nécessité de neutraliser les familles maltraitantes et le besoin de rechercher leur adhésion et leur collaboration. En essayant de tricoter ces deux dimensions, elle se confronte au risque tant de passer à côté d’une situation de danger (en faisant trop confiance aux parents), que de discréditer la relation familiale (en les soupçonnant systématiquement)… chemin escarpé propice aux dérapages, d’un côté comme de l’autre.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1035 ■ 20/10/2011