Yannis (5 ans) frappé à mort pour avoir uriné dans son lit. Angèle (4 ans) torturée et ébouillantée au point d’en mourir. Tony (3 ans) souffre-douleur de son beau-père, ne survivant pas à ses coups. Fiona (5 ans) dont le corps martyrisé n’a toujours pas été retrouvé. Triste litanie, avec à chaque fois une mère au mieux témoin passif, au pire complice. Tous ces faits divers ne peuvent que plonger dans un abîme de perplexité face à tous ceux qui présupposent une compétence parentale innée. Et puis, voilà cette maman rencontrée lors d’une conférence évoquant ses placements successifs en familles d’accueil et foyers qui ne lui ont servi à rien. Pourtant, quand elle se met à parler de sa relation avec ses enfants, son propos vaut alors bien des traités de pédagogie : « élever un enfant n’est pas toujours facile. On tâtonne, on expérimente, on hésite ». A l’accouchement, « il n’y a pas que mon enfant qui est né ce jour-là. Je suis née moi aussi comme maman ». Quand elle se retrouve seule face à son nourrisson, elle lui tient un discours singulier : « je ne sais pas comment je vais réussir avec toi. Mais, on va y arriver toutes les deux. Tu vas m’apprendre comment faire ». Deuxième naissance : ce sont des jumelles ! La puéricultrice lui conseille d’alimenter chaque enfant l’un après l’autre. « Impossible : l’une pleurait en attendant d’être nourrie, ce qui stressait l’autre, l’empêchant de manger à son tour ». Et d’installer les deux bébés cote à cote et de leur donner alternativement la cuillère. Quand elle n’est pas contente, son aînée s’attaque aux livres que sa maman aime tant ? Pas de problème, les vieilles revues, publicités et autres journaux sont entassés dans une « boite à colère » prêts à être déchirés par l’enfant quand elle est trop contrariée. Et puis il y a le moment de délire : « je mets la musique à fond et on se met à danser, toutes les quatre. Ensuite, on passe une musique douce avant de se coucher. » On ne naît pas parent : on le devient !

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1225 ■ 22/03/2018