La cigarette et le fusil
Une anecdote célèbre à MSF, relatée par Xavier Emmanuelli*, remet chacun à sa place.
La scène se déroule dans les années 1990, au Nicaragua, en pleine guerre civile, sur une route de montagne à un poste de contrôle tenu par les guérilleros. Une voiture de l’association humanitaire se fait arrêter par un gamin à peine pubère armé d’un fusil. La cigarette au bec, il interpelle le chauffeur de sa voix en pleine mue : « où allez-vous ? ». La seule réponse qu’il reçoit le déstabilise : « il le sait ton père que tu fumes ? » Le jeune ado hésita, avant de laisser passer le véhicule, sans plus rien dire.
Deux leçons
Cet incident plutôt cocasse m’inspire deux réflexions. Même si un animateur a peu de risque de se retrouver face à un môme armé d’un fusil, il peut être confronté à un jeune très agressif. Ne pas l’affronter directement sur le terrain du conflit, faire un pas de côté par rapport au litige, biaiser face à une situation de tension peuvent parfois être une solution. Mais, ce qui semble le plus important, c’est le maintien de la différence inter générationnelle. Nous pouvons être très complice avec un ado ou nous affronter à lui, une réalité reste essentielle : il est enfant et nous sommes adultes. Non qu’il y ait une hiérarchisation qui nous rendrait supérieurs à lui. Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est l’obligation de notre posture éducative : en toutes circonstances notre rôle s’articule autour d’un devoir de protection, d’exemplarité et de guidance.
* « Les enfants des rues » Ed. Odile Jacob, 2016
La scène se déroule dans les années 1990, au Nicaragua, en pleine guerre civile, sur une route de montagne à un poste de contrôle tenu par les guérilleros. Une voiture de l’association humanitaire se fait arrêter par un gamin à peine pubère armé d’un fusil. La cigarette au bec, il interpelle le chauffeur de sa voix en pleine mue : « où allez-vous ? ». La seule réponse qu’il reçoit le déstabilise : « il le sait ton père que tu fumes ? » Le jeune ado hésita, avant de laisser passer le véhicule, sans plus rien dire.
Deux leçons
Cet incident plutôt cocasse m’inspire deux réflexions. Même si un animateur a peu de risque de se retrouver face à un môme armé d’un fusil, il peut être confronté à un jeune très agressif. Ne pas l’affronter directement sur le terrain du conflit, faire un pas de côté par rapport au litige, biaiser face à une situation de tension peuvent parfois être une solution. Mais, ce qui semble le plus important, c’est le maintien de la différence inter générationnelle. Nous pouvons être très complice avec un ado ou nous affronter à lui, une réalité reste essentielle : il est enfant et nous sommes adultes. Non qu’il y ait une hiérarchisation qui nous rendrait supérieurs à lui. Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est l’obligation de notre posture éducative : en toutes circonstances notre rôle s’articule autour d’un devoir de protection, d’exemplarité et de guidance.
* « Les enfants des rues » Ed. Odile Jacob, 2016
Jacques Trémintin – Journal de L’Animation ■ n°188 ■ avril 2018