Aimer l’art contemporain

Certaines œuvres contemporaines sont surprenantes : faut-il les défendre ou les rejeter ?
Petite boule disco, cotillons éparpillés au sol, verres vides et cadavres de bouteille. La fête avait été chaude. Les femmes de ménage ont tout nettoyé. Confusion : c‘était une « œuvre d’art » tout juste inaugurée ! Comme l’avait expliqué, quelques mois auparavant, toujours en Italie, une autre femme de ménage qui avait, elle aussi, fait place net : « je suis allée ouvrir la salle, j’ai vu tout ce foutoir par terre, les cartons, les bouteilles de verre au-dessus des cartons, un vrai bordel. Alors j’ai pris les cartons, les bouteilles, j’ai tout mis dehors »
 
Comment s’y retrouver ?
Ces témoignages horrifieront les amateurs d’une pratique artistique contemporaine, qui y verront un inadmissible attentat à la création. D’autres, dénonçant une imposture, en riront beaucoup, considérant que, finalement, l’œuvre a été traitée comme elle le méritait. Pour Platon (4ème siècle avant JC), la beauté ne s’incarne pas seulement en tel temps et non en tel autre, est  attestée pour les uns pas pour les autres. Elle existe éternellement et absolument, par elle-même et en elle-même. C’est donc la beauté en soi qui fait que tel objet est beau. Pour David Hume (18ème siècle), « la beauté n’est pas une qualité inhérente aux choses elles-mêmes, elle existe seulement dans l’esprit qui la contemple, et chaque esprit perçoit une beauté différente ». Qui a raison ? A chacun(e) d’en décider !

Jacques Trémintin – Journal de L’Animation ■ n°165 ■ janvier 2016