Juillet 2017 : l’incendie ravage la côte méditerranéenne, contraignant les populations à se mettre à l’abri sur les plages. Près de 20.000 hectares sont déjà partis en fumée. Très fréquentées en cette saison, des dizaines de campings, d’hôtels, de centres de vacances ont dû être évacuées. Plus de 10.000 estivants ayant abandonné toutes leurs affaires sont accueillis dans des gymnases, des écoles ou des salles municipales transformés en dortoirs. Une partie de la population n’a pas hésité à proposer un hébergement, des bouteilles d’eau ou des couvertures pour la nuit. Une autre partie s’est mise à critiquer tout ce qui était
mis à disposition des touristes, alors que rien n’était fait pour les gens du pays. Une banderole a même été déployée devant une mairie sur laquelle on peut lire : « on est chez nous ». D’autres habitants ont construit, dans la nuit, un mur symbolique les séparant d’une salle de sport regroupant une centaine de vacanciers. Le Conseil d’État, saisi en urgence, a validé la création de dispositifs d’accès à l’eau, aux toilettes et aux douches contestés par certaines municipalités, craignant que de telles installations ne provoquent un afflux de réfugiés. Un rapport de Human Righs Watch rapporte les charges brutales de la police et l’utilisation de gaz au poivre pour décourager l’arrivée de touristes en perdition. Le ministre de l’intérieur a défendu le travail des forces de l’ordre, reconnaissant du bout des lèvres quelques dérapages isolés. La télévision a montré des images terribles de familles entières contraintes de dormir à même le sol par manque d’hébergement. Un agriculteur a été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour en avoir logé sur ses terres. Et puis, je me suis réveillé. Reprenant mes esprits, je me suis rendu compte que ce n’était là qu’un cauchemar. J’habitais un grand pays respectueux des droits de l’homme. Jamais, aucune population quel que soit son origine n’y serait traitée ainsi. Je me suis rendormi rassuré.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1213 ■ 21/09/2017