Jonathan avait besoin de se rendre à sa banque. Son éducateur lui proposa de l’y emmener. Arrivé à destination, le jeune adulte sortit du véhicule. Mais, au lieu de se diriger vers son établissement bancaire, le voilà qui emprunte le sens inverse, se dirigeant vers une vieille dame poussant avec peine son caddy. Arrivée à sa voiture, la personne âgée se mit à fouiller dans son sac. Aussitôt, Jonathan traverse la rue en direction du commerce voisin. Il en ressort, un grand sourire aux lèvres, se dirigeant à nouveau vers la vieille dame. Ce n’est qu’ensuite, qu’il entra dans sa banque, pour accomplir sa propre démarche. Intrigué, son éducateur, qui avait observé cette étrange scène depuis sa voiture, attendit son retour pour comprendre ce qui s’était passé. « Je ne sais pas ce qui m’a pris. Quand j’ai vu cette dame en difficulté, j’ai eu envie de l’aider ! », explique alors Jonathan. Arrivée à sa voiture, elle s’était aperçue qu’elle avait laissé ses clefs dans le magasin. Trousseau, que Jonathan s’était empressé d’aller lui chercher. Interrogé sur la « pièce » que la dame aurait pu lui donner, en remerciement, le jeune adulte confirma que c’est bien ce qu’elle lui avait proposé. Mais il avait refusé tout net : « si j’avais accepté, cela aurait tout gâché ». A constater le grand sourire arboré par Jonathan, on ne peut qu’en être convaincu : sa satisfaction n’était pas lié à une quelconque récompense. Cette anecdote pourrait évoquer la bonne action que doit accomplir au quotidien tout scout qui se respecte. Quoiqu’on en pense, elle démontre au moins trois choses. D’abord, cette dame a eu la preuve que tous les jeunes portant une casquette à l’envers ne détroussent pas les vieux. Ensuite, la motivation ne provient pas que de la gratification extrinsèque, la satisfaction d’avoir bien agi constituant un puissant ressort intrinsèque que l’on néglige trop souvent, à tort. Enfin, l’empathie et la congruence ne sont pas affaires de génération, mais au cœur de l’humain.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1213 ■ 21/09/2017