Entre mars 2016 et mars 2017, l’Aquarius, le navire affrété par l’association SOS Méditerranée, a sauvé 14.000 migrants menacés de noyade. Le 17 décembre 2017, 300 habitants et professionnels de la montagne organisaient une grande cordée solidaire pour venir en aide aux 5 à 20 migrants qui entrent en France par le col de l'Échelle avec -14°, au péril de leur vie. De plus en plus d’initiatives citoyennes prennent le relais d’un État dont les hauts faits d’arme en matière de solidarité se résument trop souvent dans ces tentes lacérées et ces couvertures déchirées par une police tentant de décourager et faire fuir ces réfugiés. Le 8 août 2017 Cédric Herrou, un agriculteur de la vallée de la Roya était condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir accueilli, nourri et logé 250 demandeurs d’asile en situation irrégulière. Et voilà qu’une dangereuse délinquante va passer en procès ce 14 février. Ce qui lui est reproché ? D’avoir pris en charge à la frontière italienne deux mineurs étrangers âgés de quinze ans, de les avoir accompagnés à la Police aux frontières à qui elle a remis une demande de prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance qui vint les chercher peu après. Pour l’acte grave qu’elle a commis, Martine Landry risque cinq ans d’emprisonnement et 30.000 € d’amende. Ce qui aggrave son cas, c’est que cette vaillante dame de 73 ans est responsable pour sa région d’Amnesty International et militante de l’ANAFÉ. Face à de telles intimidations, que peut faire le citoyen moyen ? Première option : détourner la tête, quand il croise un de ces réfugiés errant dans la rue. S’il est patriote et soucieux de préserver la race française, il peut se précipiter pour le dénoncer aux autorités (les archives des préfectures regorgent de modèles de lettres datant de l’occupation). Mais, il peut aussi trouver une inspiration dans le courage et la témérité d’un Cédric Herrou ou d’une Martine Landry, en agissant comme il le peut, à son niveau.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1222 ■ 08/02/2018