En 2005, les « programmes de réussite éducative » étaient lancés en grande pompe. Les jours de l'échec scolaire étaient comptés. On allait s’y attaquer sérieusement. Dix ans après, 100.000 élèves de 6 à 16 ans sont encore concernés. Et puis patatras, voilà l’étude publiée en mars 2016, menée par des chercheurs de l'Institut des politiques publiques démontrant que ces programmes sont totalement inefficaces. En comparant un panel d'enfants non concernés par ce dispositif à un autre panel aux caractéristiques comparables mais en ayant bénéficié, elle fait un bien cruel constat : les deux groupes d'élèves ne se distinguent ni par le bien-être ressenti, ni par le comportement adopté, ni par les compétences académiques acquises. En cause : d'abord le manque de moyens (les programmes américains du même type ont de meilleurs résultats ? Normal : ils bénéficient d’investissement dix fois plus importants !). Ensuite, une prise en charge trop tardive. Enfin, un effet de stigmatisation pesant tant sur les enseignants, que sur les élèves. Que croyez-vous qu'il arriva ? Des mesures radicales pour multiplier les moyens, intervenir bien avant que ne se cristallisent les difficultés et développer les méthodes pédagogiques actives qui favorisent l'épanouissement individuel, la coopération et l'autonomie. Vous n'y pensez pas ! Non, c’est l’étude qui a été jugée comme trop réductrice et sa méthodologie comme douteuse. Continuons plutôt à faire toujours plus de la même chose, en accroissant le degré d'exigence, privilégiant l'autorité du maître et encourageant la performance. On ne va quand même pas brader cette école qui produit nos futures élites, tout cela pour 140.000 élèves sortant du système scolaire sans diplômes. Après tout, ils n'avaient qu'à bien travailler. Bon, finie la récréation. Sortez une feuille : interrogation écrite. J'espère que vous avez appris votre leçon par coeur. La note obtenue comptera pour votre passage en classe supérieure.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1190 ■ 01/09/2016