Les néo-libéraux en rêvaient. Nos gouvernements successifs l’ont réalisé. La casse des services publics se déploie devant nos yeux, selon un processus lent, mais espérons-le non irréversible. Tous les voyants sont en train de passer du vert à l’orange et parfois au rouge clignotant. Lien Social égrène, numéro après numéro, les attaques contre les services socio-éducatifs supprimés non parce qu’ils seraient devenus obsolètes ou qu’ils ne seraient plus utiles à la population, mais parce que les financements manquent. Les éducateurs de rue ? Ils sont menacés de disparaître, leur utilité tant face à l’échec de l’insertion et/ou à la menace de radicalisation qui concernent, entre autre, la jeunesse des quartiers de relégation devenant manifestement un luxe. Les places d’accueil proposées par le 115 ? Leur carence atteint, en certains endroits, des proportions effarantes allant de 80 à 90 % des demandes. La protection de l’enfance ? Elle n’est plus, dans certains départements, en mesure de remplir ses fonctions, les mineurs en danger bénéficiant d’une mesure judiciaire étant laissés dans leur famille, faute de place pour les accueillir. La psychiatrie infantile ? Elle est, trop souvent, sous dimensionnée, à l’image de cet établissement de quinze lits affichant une liste d’attente de soixante douze enfants/adolescents en souffrance. Les centres médico-psychologiques ? Ils font encore mieux, avec parfois jusqu’à un an de délai pour un premier rendez-vous ! Le versement du RSA ? Il est remis en cause par certains Conseils départementaux menaçant de se placer en défaut de paiement. La justice ? Elle coûte, en France, 62 euros par habitant, contre 120 en moyenne en Europe : faute de magistrats, il faut parfois quinze mois pour étudier une demande de divorce et quatre ans pour appliquer une peine. Mais de quoi se plaint-on ? En 2015, les entreprises du CAC 40 viennent d’engranger 53 milliards de bénéfices, dont 43 milliards redistribués en dividende aux actionnaires.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1186 ■ 26/05/2016