Le candidat des riches a été battu. La championne des xénophobes aussi. A eux deux, près de quinze millions d’électeurs : triste France communiant dans la stigmatisation des plus fragiles élevés au rang de boucs émissaires ! Que reste-t-il ? Un prétendant au redressement de la compétitivité, par la baisse de l’impôt sur les sociétés de 33 % à 20 % et la remise en cause de l’impôt sur les grandes fortunes. C’est encore et toujours la même politique, celle de l’offre : les emplois émergeront quand les plus riches seront libérés des charges sociales et de la trop grande régulation du marché. On connaît la chanson et son résultat récurrent : le rapport d’Oxfam publié le 16 janvier 2017 constatait que huit hommes détenaient autant de richesses que les 3,6 milliards de personnes représentant la moitié la plus pauvre de l’humanité. Cela ne va pas s’arranger. Pendant ce temps-là, le SAMU social de Paris continue à saturer (60 à 70 % de demandes d’hébergement non satisfaites). Pendant ce temps-là, des milliers de mineurs isolés sont livrés à eux-mêmes, victimes d’agressions sexuelles ou contraints à la prostitution, sans que les pouvoirs publics ne réagissent. Pendant ce temps-là, la prévention spécialisée est de plus en plus menacée. Pendant ce temps-là, la loi sur l’accessibilité des personnes avec handicap reste inappliquée. Pendant ce temps-là, la protection de l’enfance multiplie les carences dans la prise en charge de mineurs en danger. Pendant ce temps-là, le secteur psychiatrique exsangue et impuissant voit ses patients remplir les prisons et vivre à la rue. Mais, ce qui est important, c’est de satisfaire Jean-Claude Juncker, ci-devant Président de la Commission européenne, qui appelle la France à réduire sa dépense publique, « les Français dépensent trop d'argent et ils dépensent au mauvais endroit ». C’est sûr que les 4.500 milliards d’euros consacrés par la Banque Centrale Européenne pour sauver les banques, ont visé la bonne cible !

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1209 ■ 08/06/2017