De l'humour comme outil éducatif
Maxime reproche souvent à son éducateur de ne jamais l’emmener chez Mac Do. Ce dernier lui promet alors de faire cet effort, si de son côté il réussit à tenir sa scolarité jusqu'à la fin de l'année. Maxime s'est fait exclure d'une MFR il y a deux ans et d'une autre MFR, l'année passée. Il l’a promis : cette fois, il sera sage. Patatras, au mois de mai, un conseil de discipline décide de son exclusion. La réaction est un tantinet blasée : « je suis sensible à ton sens du sacrifice. Tu as préféré mettre en échec ta scolarité, plutôt que de contraindre ton éducateur à t'emmener au Mac Do, sachant combien cela lui faisait horreur ».
Karim a tout mis en échec : foyer d'adolescents (agression d’éducateurs), scolarité (présent deux jours, depuis la rentrée), famille d'accueil (assistante familiale en arrêt de travail). Quand son éducateur lui propose un séjour de rupture en Afrique, il refuse en prétextant ne pas vouloir être kidnappé par des intégristes. La réponse, cinglante, ne se fit pas attendre : « mon pauvre Karim, si tu devais être enlevé par des islamistes, ils se précipiteraient pour nous demander combien ils doivent nous payer pour te récupérer, tellement tu te montres insupportable partout où tu passes ! »
Guillaume et sa mère s’appliquent à s’entre-déchirer, quand l’éducateur leur rend visite. Excédé, celui-ci se promet de réagir au prochain rendez-vous, en les provoquant. A peine assis, il leur déclare: « j'espère que la représentation sera de qualité, aujourd'hui.» Déstabilisés, les deux acteurs commencent néanmoins la partie. Et l'éducateur d'interrompre très vite l'engagement : « non, Guillaume, tu m'as habitué à mieux. La dernière fois, tu insultais ta mère avec beaucoup plus de conviction. Fais un effort, s'il te plait. »
L’humour peut être mal vécu, quand il est perçu comme une moquerie ou du cynisme cherchant à rabaisser ou à blesser. Il est donc toujours à manier avec prudence, pouvant déraper et se retourner contre son auteur. D’autant que ce qui passe bien un jour peut être très mal perçu, à un autre moment. Pourtant, s’il accompagne un indéfectible engagement et un respect absolu de l'intervenant, une importante proximité et une forte confiance réciproques tissées au cours du temps, alors la plaisanterie ou le mot d’esprit ne sont pas vus comme de la cruauté ou de la méchanceté, mais comme un pas de côté. Ici, la relation perdura des mois, voire des années, cet épisode se tricotant à bien d’autres registres.
Karim a tout mis en échec : foyer d'adolescents (agression d’éducateurs), scolarité (présent deux jours, depuis la rentrée), famille d'accueil (assistante familiale en arrêt de travail). Quand son éducateur lui propose un séjour de rupture en Afrique, il refuse en prétextant ne pas vouloir être kidnappé par des intégristes. La réponse, cinglante, ne se fit pas attendre : « mon pauvre Karim, si tu devais être enlevé par des islamistes, ils se précipiteraient pour nous demander combien ils doivent nous payer pour te récupérer, tellement tu te montres insupportable partout où tu passes ! »
Guillaume et sa mère s’appliquent à s’entre-déchirer, quand l’éducateur leur rend visite. Excédé, celui-ci se promet de réagir au prochain rendez-vous, en les provoquant. A peine assis, il leur déclare: « j'espère que la représentation sera de qualité, aujourd'hui.» Déstabilisés, les deux acteurs commencent néanmoins la partie. Et l'éducateur d'interrompre très vite l'engagement : « non, Guillaume, tu m'as habitué à mieux. La dernière fois, tu insultais ta mère avec beaucoup plus de conviction. Fais un effort, s'il te plait. »
L’humour peut être mal vécu, quand il est perçu comme une moquerie ou du cynisme cherchant à rabaisser ou à blesser. Il est donc toujours à manier avec prudence, pouvant déraper et se retourner contre son auteur. D’autant que ce qui passe bien un jour peut être très mal perçu, à un autre moment. Pourtant, s’il accompagne un indéfectible engagement et un respect absolu de l'intervenant, une importante proximité et une forte confiance réciproques tissées au cours du temps, alors la plaisanterie ou le mot d’esprit ne sont pas vus comme de la cruauté ou de la méchanceté, mais comme un pas de côté. Ici, la relation perdura des mois, voire des années, cet épisode se tricotant à bien d’autres registres.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1209 ■ 08/06/2017