Octobre 2016 : cent milles femmes vêtues de noir manifestent en Pologne contre un projet de loi menaçant de cinq ans d’emprisonnement toute personne prenant part à une IVG (qu’elle soit bénéficiaire ou personnel médical). Sous la pression de la rue, la proposition échoue. Novembre 2016 : des milliers de manifestants turcs protestent contre un projet de loi gouvernemental annulant la condamnation de tout agresseur sexuel sur mineur, à condition qu’il épouse sa victime. Sous la pression de la rue, la proposition échoue. Janvier 2017 : la Douma, le parlement russe, vote à la quasi unanimité une loi qui dépénalise les violences familiales. Au nom de la préservation de « l'autorité parentale », les auteurs d’agression contre les femmes et les enfants ne risqueront plus qu’une amende (contre deux ans de prison jusque là). La manifestation de protestation contre cette nouvelle législation a réuni … quatre vingt participants ! En l’absence de pression de la rue, Poutine promulgue la loi le 7 février ! Tant pis pour les vingt et une femmes mourant chaque jour en Russie, sous les coups. Quelles pires illustrations trouver au billet de mon voisin, Etienne Liebig, dans le numéro 1198 sur l’inversion du sens de l’histoire ? Pénalisation de l’avortement, dépénalisation des viols sur mineures et des violences familiales : certes, de telles régressions rencontrent parfois de fortes résistances et le pire n’est jamais certain. La preuve est faite que la mobilisation paie. Dans notre pays, les forces réactionnaires ne semblent pas en mesure d’impulser le retour en arrière dont elles rêvent concernant, notamment sur le mariage pour tous. Le candidat de la droite dure, François Fillon, propose quand même d’abroger le droit acquis pour les couples homosexuels d’avoir recours à l’adoption plénière. S’agit-il là d’un ballon d’essai pour tester la réactivité de l’opinion publique, ouvrant la voie à d’autres régressions ? La vigilance reste de mise.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1204 ■ 30/03/2017