Elyn, 17 ans, raconte à son éducateur sa dernière visite chez le médecin. Elle a gémi quand le praticien a manipulé, en l’auscultant, le bas de son dos. Il lui a prescrit une radiographie des lombaires. Y est-elle allée ? Non, « la flemme », répond-elle. Et puis, « il faut accepter d’avoir mal » : dans sa famille, on ne se plaint jamais. Invitée à coter la douleur ressentie entre 0 et 10, elle répond « 8 ». Sans lui demander son avis, l’éducateur l’emmène aussitôt prendre rendez-vous au cabinet de radiologie tout proche. L’adolescente semble ravie que quelqu’un prenne soin d’elle. Arrivé sur place, le professionnel s’immobilise subitement, embarrassé. Cela fait six mois que sa compagne le harcèle pour qu’il prenne rendez-vous pour une radiographie devant détecter une éventuelle arthrose articulaire. Le voilà surpris en plein paradoxe : faire la leçon à une adolescente sur l’importance de veiller sur sa santé, tout en ne le faisant pas lui-même. « Fais ce que je te dis, pas ce que je fais », en quelque sorte. Que va-t-il dire à Elyn qui n’a pas été sans remarquer son trouble ? Trois fins possibles de ce fabliau éducatif sont proposées au lecteur perspicace. Chute n°1: l’éducateur ne se dévoile pas, par peur de perdre toute crédibilité auprès de la jeune. Chute n°2 : il chasse le doute qui l’a assailli un instant, estimant qu’il sait ce qu’il fait, ce qui n’est pas le cas de cette adolescente qui ne sait pas encore faire les bons choix. Chute n°3 : il éclate de rire et raconte la confusion qui l’assaille, utilisant sa propre fragilité pour démontrer que chacun(e) peut se tromper, lui en premier. Il propose même à l’adolescente de prendre rendez-vous ensemble pour leur radiographie respective et de se surveiller mutuellement pour connaître la suite que chacun(e) donnera au suivi médical postérieur. Le lecteur peut téléphoner à la rédaction en tapant 1 pour la première solution, 2 pour la seconde et 3 pour la troisième (0,15 € la minute).

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1245 ■ 21/02/2017