L’opium du peuple
En 2018, parmi les 16-29 ans*, 23% s’affirment catholique, 10% musulman et 2% protestant quand 64% se considèrent sans religion. Les rangs des sans Dieux et des païens, des mécréants et des incroyants ne cessent de gonfler. L’incendie, de ce qui constitue à la fois le génie de l’architecture médiévale et le temple de la superstition, n’y changera sans doute rien. Il faut dire que l’histoire des différentes religions est plutôt cauchemardesque : massacres et guerres, tortures et persécution des hérétiques, assignation à un ordre moral totalitaire et collusion avec les classes dominantes… On pourrait croire qu’en conséquence les confessions deviennent plus prudentes. Mauvaise pioche : hold-up opéré par l’islamisme radical sur le culte musulman, scandales de pédophilie dans l’église romaine trop longtemps couverts par la hiérarchie cléricale, appels à la haine contre la minorité Rohingya lancés par des moines bouddhistes radicaux, violence des ultra orthodoxes juifs contre tout ce qui est « impie », fondamentalistes protestants américains voulant exclure des écoles l’enseignement du darwinisme et imposer celui de la création biblique, tentative d’extermination des uns par les autres … Sachons, toutefois, distinguer les institutions de la ferveur qui se niche dans le cœur de milliards de croyants : celle qui se pratique en toute humilité et sans bruit pour trouver une réponse aux énigmes qui les taraudent. Tant que la piété relève d’un choix personnel, en respectant celle de son voisin, sans le contraindre à se rallier à son propre culte ou à le menacer, elle est éminemment respectable. Mais, dès qu’elle tente de le soumettre à la seule vérité de sa doctrine ou le traite en hérétique, elle s’engage sur la voie de l’imposture arbitraire, du despotisme fanatique et du dogmatisme doctrinaire. La première est à accueillir avec tolérance, à protéger et à garantir. La seconde doit être combattue sans hésitation, isolée sans délai et circonscrite sans pitié.
* Étude menée en 2018 par l’Institut catholique de Paris et l’université catholique britannique St Mary’s de Twickenham
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1253 ■ 11/06/2019