Notre ci-devant secrétaire d’État à la protection de l’enfance a fait, début juillet, de fracassantes annonces, à l’occasion des Assises éponymes. Jugeons-en plutôt. Des services en charge des mineurs en danger croulent sous les listes d’attente, des familles d’accueil il ne manque cruellement, les MECS sont bondées, les foyers d’urgence n’en peuvent plus de rajouter des matelas dans les chambres ? Adrien Taquet a trouvé la solution : demander aux juges des enfants (en charge parfois de 300/400 dossiers), de gérer les décisions de placement à deux. Voilà qui va forcément désengorger les dispositifs d’accueil totalement saturés ! Un enfant placé peut parfois être incité à privilégier des études courtes par des Conseils départementaux n’ayant plus les moyens de lui en financer de longues. Adrien Taquet propose une vrai compensation : la généralisation du programme devoirs faits. L’enfant devra continuer à sortir du dispositif au plus vite, pour faire de la place à ceux qui arrivent, mais au moins les devoirs qu’ils avaient l’habitude d’effectuer avec son assistante familiale ou son éducateur, seront faits au collège. On ne peut tout avoir, quand même ! Le parcours d’un enfant placé est parfois chaotique, passant de familles d’accueil craquant par manque de professionnels pouvant les soutenir en foyers explosant du fait du faible taux d’encadrement par des éducateurs, la lourdeur de sa problématique n’étant pas relayée par une pédopsychiatrie, elle-même à l’os... Mais grâce à Adrien Taquet, il gardera au moins le souvenir de ses multiples lieux de placement, grâce à la généralisation de « l’album de vie ». La parole de l’enfant sera mieux prise en compte, annonce enfin notre héros. Même celle des jeunes qui sont mis à la rue à 18 ans, par refus de prolonger leur accueil comme jeune majeur ? Une seule chose m’intrigue : est-ce par cynisme, par impuissance ou par aveuglement qu’un plan aussi inepte qu’hypocrite a pu être conçu ?

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1257 ■ 16/09/2019