Il y a des mythes qui ont la vie dure … surtout ceux banalisant le machisme.

Une enquête IPSOS révèle que 42% des français atténuent la responsabilité des violeurs, quand leur victime a eu une attitude provocante. Pour 43%, celle qui se défend vraiment réussit à faire fuir son agresseur. Enfin, 57% sont convaincus qu’un homme a plus de difficultés à maîtriser ses pulsions sexuelles.

Elargissons

Les pédophiles tentent de se disculper, en prétendant avoir été provoqués par l’enfant qui n’aurait ni résisté, ni protesté. Cet argument est ignoble, car absolument rien ne peut justifier qu’un adulte mêle sa sexualité au corps d’un enfant. Après le massacre de Charlie, on a pu entendre qu’ils l’avaient bien cherché, en se moquant de l’Islam. C’est indigne, car absolument rien ne peut justifier la peine de mort pour avoir caricaturé une religion. Les tortionnaires des dictatures prétendent qu’en torturant leurs opposants politiques, ils combattent le terrorisme. C’est abject, car absolument rien ne peut justifier le supplice d’un être humain. Il s’agit là d’une inversion des rôles, l’agresseur cherchant à se légitimer, en renvoyant la responsabilité de son acte vers sa victime. Qu’une femme se montre provocante ne peut justifier en quoi que ce soit la violence sexuelle qu’elle subit, sauf à faire du mâle homo sapiens un animal en rut, réagissant avec bestialité au moindre signal de chaleurs de la femelle de l’espèce. Ce que nous sommes quand même très nombreux à ne pas être !

Jacques Trémintin - Journal de L’Animation  ■ n°202 ■ octobre 2019