Reproductions familiales
Quand on est ado, on a le choix de reproduire ou de rejeter les modèles familiaux. Pour le meilleur, comme pour le pire !
« Ce sont aux fabricants de bouteilles en plastique d’arrêter leur production, pas à moi de les trier », s’exclame Jonas reproduisant l’argument familial hostile aux campagnes culpabilisant les consommateurs ne pratiquant pas le tri sélectif. A la sortie d’un fast-food, Rachel pose son gobelet de boisson à terre plutôt que de le déposer dans la poubelle : « je fais comme mon père qui jette ses déchets par la fenêtre », se justifie-t-elle. Aux portes de ce supermarché, William commente la quête de la banque alimentaire, répétant ce que sa mère affirme : « c’est à l’État d’aider les plus pauvres, je ne vois pas pourquoi ce serait à moi de le faire ».
Éviter de bloquer le dialogue
Toutes ces réflexions et attitudes sont le prolongement d’un vécu familial. Leur critique confronte l’enfant à un conflit de loyauté : défendre ou renier des positions propres à son milieu d’origine revient au final à préserver sa famille ou à la laisser être attaquée. Tout jugement de valeur émis ne peut qu’induire sa réaction de défense, les enjeux dépassant alors l’importance intrinsèque des positions adoptées. En les intégrant dans un ensemble de réponses possibles et en échangeant sur leurs avantages et inconvénients réciproques, on substitue le dialogue à l’affrontement, le débat aux opinions unilatérales et le contradictoire à la recherche de la vérité.
Jacques Trémintin - Journal de L’Animation ■ n°198 ■ avril 2019