Sommes-nous en guerre contre la jeunesse ?
Quand une image choquante devient un symbole.
Jeudi 10 décembre 2017, Mantes la Jolie : 151 adolescents et jeunes adultes sont à genoux, les mains derrière la nuque. Les policiers auraient pu les faire s’asseoir. Ils ont préféré cette posture humiliante et dégradante. Si certains responsables ont contextualité, en évoquant l’atmosphère de violence, peu ont approuvé cette méthode. Seule Ségolène Royale a applaudi : « ça ne leur a pas fait de mal à ces jeunes de savoir ce que c’est le maintien de l’ordre, la police, de se tenir tranquilles. Ça leur fera un souvenir. »
Dialoguer plutôt que rabaisser
Dresser la jeunesse, comme on dompte un animal, en lui inculquant la soumission et l’asservissement face à l’autorité est effectivement une manière d’agir que semble pleinement approuver madame Royale. Lui insuffler l’assujettissement, l’obéissance et la servilité, telle semble être sa conception de l’éducation. Toute autre est cette vision de la citoyenneté qui s’appuie sur une dignité humaine intégrant le droit à l’insoumission face au despotisme, à la désobéissance civile face à l’iniquité et à la révolte face à l’injustice. C’est l’opprobre, l’avilissement et la flétrissure qui font le lit de la violence. Pour la canaliser, mieux vaut dialoguer, négocier et apporter des réponses. Des manifestants qui s’agenouillent volontairement face à la police et placent leurs mains derrière la nuque : tel est le nouveau signe de ralliement contre l’arbitraire.
Jacques Trémintin - Journal de L’Animation ■ n°196 ■ février 2018