Persévérance
Tendre la main à enfant, c’est l’inviter à la prendre. Ce qu’il ne fait pas toujours.
Dans une autobiographie pleine de sensibilité, Cali (1) décrit ses réactions de petit garçon, alors âgé de 6 ans, confronté au décès de sa mère. Précieux témoignage sur le vécu intérieur d’un enfant face à l’indicible et l’innommable. Un épisode du roman met en scène son séjour en colonie de vacances, peu de temps après ce deuil. Ressentant cette séparation provisoire comme un abandon familial, l’enfant y restera passif, mutique et rebelle, malgré les efforts de Christian, l’animateur qui, conscient du drame, mettra tout en œuvre pour tisser un lien de confiance avec lui. En vain. Seule la destruction par le caïd du groupe, de la photo de sa maman précieusement gardée dans son armoire fera sortir l’enfant de sa réserve, dans un déchaînement de violence.
Ne jamais lâcher
Qu’il est difficile, parfois, d’atteindre un enfant ravagé par une souffrance intérieure et qui, se murant dans sa douleur, semble inaccessible. Christian a essayé, mais n’a pas réussi. C’est toujours à l’enfant de décider de s’ouvrir à un adulte qui lui propose sa sollicitude. Il le fera pendant le séjour, juste à la fin ou jamais. Mais, pour autant, cet animateur n’a pas échoué, s’étant montré constant, disponible et déterminé. Il s’est tenu à ses côtés, lui témoignant avec patience et opiniâtreté de sa bienveillance et de son empathie inconditionnelles. En restant la main tendue, il a rempli son rôle.
(1) « Seuls les enfants savent aimer » Cali, Ed. Cherche Midi, 2018
Jacques Trémintin - Journal de L’Animation ■ n°194 ■ décembre 2018