Halte au pillage culturel !
Il faut se méfier de toutes les captations qui menacent notre intégrité culturelle.
Amanda Lind, la nouvelle ministre de la Culture de Suède crée la polémique … parce qu’elle arbore des dreadlocks, cette coiffure traditionnelle des rastas de Jamaïque, faite de nattes plus ou moins épaisses. Alors qu’elle porte cette coiffure depuis plus de vingt ans, son arrivée aux affaires a provoqué la critique tant de l’extrême droite choquée qu’elle s’affuble d’un symbole étranger, que de Nisrit Ghebil, une artiste noire qui l’a accusée d’appropriation culturelle.
Combattre toute spoliation
Je ne peux que m’associer à ce combat courageux contre le pillage des valeurs ethniques. Dorénavant, on ne confectionnera plus de crêpes qu’à condition de justifier de son ascendance bretonne et ne dégustera plus de couscous que si l’on est détenteur d’un passeport marocain (avec une tolérance pour les algériens, la postérité de ce plat faisant polémique). Quant à l’initiation au Flamenco, il ne sera autorisé qu’aux natifs de l’Andalousie. Lors d’un stage que j’encadrai, j’ai dégusté avec délectation lors d’un repas une rondelle de pain recouverte de beurre salé. J’ai vu d’un mauvais œil des stagiaires originaires du nord lorgner ma tartine et m’imiter. J’en ai été profondément traumatisé. Je guette, depuis, toute appropriation culturelle qui viserait à recouvrir de maroilles la couche de beurre. Ce qui provoquerait des messages d’indignation sur tous les réseaux sociaux.
Jacques Trémintin - Journal de L’Animation ■ n°199 ■ mai 2019