Bonne année pour le business, pas pour le social !

La précarité, Kean Loach nous en fait une description terrifiante dans son dernier film*. La mère travaille sur un contrat 0 heure (elle n'est payée que sur le temps où elle intervient comme assistante de vie à domicile). Le père s'est mis à son compte. Exit le contrat incluant la protection sociale : 14 heures par jour 6/7 jours à livrer des colis. Au moindre problème, c’est à lui d’assumer. Et les difficultés vont s’accumuler. Travailler toujours plus pour s’enfoncer toujours plus dans la misère : est-ce prémonitoire de ce qui nous attend en France ? Pour rendre notre économie compétitive sur un marché mondialisé où les masses de capitaux sont en quête des meilleurs dividendes, nos gouvernements successifs de droite comme de gauche ont cherché à réduire au maximum les charges sociales, le coût du travail et les impôts. Attirer les plus riches devait permettre de relancer l’économie. Le résultat ? La rémunération du capital a augmenté en France sept fois plus que celle du travail. Et, petit à petit, l’Etat social est détricoté. Les pompiers protestent contre le manque d’effectifs et de reconnaissance. Les urgences hospitalières échouent à remplir la mission qui est la leur, faute de moyens. La psychiatrie a fait l’objet depuis dix ans de douze rapports plus alarmants les uns que les autres sur la dégradation régulière des soins apportés, sans aucun effet. La protection de l’enfance a dû intégrer en sept ans plus de 34.500 nouveaux placements, sans financement de places supplémentaires. La justice est à l’os, bénéficiant de 65,9 euros par habitant (contre 121,9 en Allemagne) etc… Ce dont il est question, c’est donc bien d’un choix de société : soit préserver un modèle social qui réussit bon an, mal an à compenser les inégalités les plus criantes, soit stimuler une croissance néo-libérale profitant aux plus aisés, en faisant croire que, par ruissellement, quelques gouttes arroseront les plus démunis.

* « Sorry, we missed you »

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1264 ■ 07/01/2020

« Bienvenue sur le site de Jacques Trémintin, travailleur social qui n’a cessé d’écrire. Référent à l’aide sociale à l’enfance de 1992 à 2020, partie prenante de Lien Social de 1995 à 2023, contributeur au Journal du droit des jeunes de 1995 à 2017, pigiste dans le Journal de l’animation depuis 1999… l’accompagnement des enfants et familles, le maniement de la plume ou du clavier, l’animation de colloques ou de formations répondent au même plaisir de transmettre. Ce que fait aussi ce site, dont le contenu est à libre disposition à une seule condition : savoir garder son esprit critique et ne rien considérer d'emblée comme vrai ! »

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