L'éducation à la paix

Tout un chacun déplore les actes de violence qui semblent constitutifs de l’histoire et de l’actualité de l’espèce humaine. Pour autant, bien peu croient possible de changer les choses. Si l’on croit dans l’Homme et dans l’œuvre émancipatrice de l’éducation, il doit bien exister une voie pour combattre ce funeste destin. C’est justement ce que propose l’action non violente. Si on n’entend pas beaucoup ses partisans, c’est peut-être parce qu’ils font moins de bruit que le son du canon. L’occasion d’un coup de projecteur sur cette utopie réaliste.

Les non-violents apparaissent traditionnellement comme au mieux des doux rêveurs, au pire des lâches et des résignés. Cette conviction tient dans l’idée qui voudrait que l’homme soit naturellement animé par une violence qui le conduit à vouloir écarter, exclure, éliminer, meurtrir, humilier, tuer son prochain, et ce avec une facilité déconcertante. Il suffit d’allumer son poste de télévision et de regarder soit les programmes de fiction soit le journal quotidien : meurtres, viols, massacres, guerres, famines peuplent le petit écran, donnant de l’être humain une vision bien pessimiste ! L’homme est-il donc condamné aux actes les plus barbares ? Ou y a-t-il une possibilité de contrecarrer cette modalité de gestion des conflits ?

 

Violence et agressivité

Qu’est-ce qui pousse les être humains à s’entredéchirer, quand ce n’est pas s’entretuer ? Lorsque deux êtres se rencontrent, ils veulent chacun faire prévaloir leurs propres besoins, leurs propres désirs et leurs propres intérêts. Dans sa relation à autrui, l'homme est spontanément jaloux des autres hommes. Il ne cesse d'apprécier son propre bonheur par comparaison avec le bonheur d'autrui. Il ne peut donc que rentrer en conflit. Le conflit est tout à fait naturel. De par sa nature, Ce qui l’anime alors et lui permet de tenir sa position face à l’autre, c’est l’agressivité. Cette dynamique qui gît au fond de chacun(e) d’entre nous constitue une puissance de combativité et d'affirmation de soi, sans laquelle nous serions constamment en fuite devant les menaces que les autres font peser sur nous, nous serions incapables de surmonter la peur qui nous retient de combattre nos adversaires. Mais, la réaction de tout un chacun face à l’autre n’est nullement condamnée à prendre une forme violente. « Car il ne faut pas s'y tromper la visée de la violence, le terme qu'elle poursuit implicitement ou explicitement, directement ou indirectement, c'est la mort de l'autre - au moins sa mort ou quelque chose de pire que sa mort " ( Paul Ricoeur) Cela n’a rien de naturel, mais tient à un choix culturel. Opter pour la non-violence, ce n'est donc pas vouloir éradiquer l’agressivité, mais vouloir lui donner une réponse qui n’implique pas le déni de l’autre. Il s’agit donc de transformer le mouvement vital ainsi exprimé en énergie créatrice. La violence apparaît donc comme une forme destructrice, véritable perversion de l'agressivité.

 

Une pratique ancestrale …

Il est de tradition d’attribuer la paternité de la non violence au Mahatma Gandhi. Celui-ci s’en défendait en faisant remarquer que la non-violence était aussi vieille que les montagnes et que, par conséquent, il n'avait rien de nouveaux à apprendre aux hommes. Si l’instinct de destruction semble être profondément enfoui dans le cœur des hommes, la recherche de règlement pacifique des conflits s'enracine dans les plus anciennes traditions de l'humanité. A l’image de l’Afrique où le système sociopolitique fut structuré pendant des milliers d’années par les « palabres ». Cette coutume extrêmement codifiée témoigne du respect dû aux ancêtres et de l'attachement des hommes à l'échange non-violent. Les membres du clan ou du village se réunissaient (parfois sous le fameux «arbre à palabre») pour débattre des désaccords et des rivalités latents ou apparus dans diverses situations très concrètes. Les participants avaient tous droit à la parole et pouvaient exposer en public leurs plaintes et demandes, ainsi que celles de leur groupe. Les être humains ont toujours su élaborer des procédures pour régler leur différents autrement qu’en s’entretuant, même si la guerre l’a trop souvent emporté sur la médiation et la négociation. Ce que l’on doit par contre à Gandhi, c’est la théorisation et la popularisation d’une alternative qui s’est toujours déployée à bas bruit, inaudible sous la fureur des combats. Et, on lui doit notamment la notion de " non-violence ". Ce terme provient du sanscrit " AHIMSA ", constitué du préfixe négatif a et du substantif himsa, qui signifie le désir de nuire, de faire violence à un être vivant. L'ahimsa est donc la maîtrise et le renoncement au désir de violence qui est en l'homme et qui le conduit à vouloir écarter, exclure, éliminer, meurtrir l'autre homme.

 

Réactualisée par Gandhi …

Gandhi ne s’est pas contenté d’oeuvrer dans la sémantique. Il a consacré sa vie à mettre en pratique ses convictions. Le combat de sa vie aura été la lutte pour l’indépendance de son pays, simple colonie britannique depuis la moitié du XIXème siècle. Il est persuadé que ce qui fait la puissance du colonisateur, ce n'est pas tant la capacité de violence des Anglais que la capacité de soumission des Indiens." Ce ne sont pas tant les fusils britanniques, affirme-t-il, qui sont responsables de notre sujétion que notre coopération volontaire". Aussi va-t-il demander aux Indiens de cesser toute coopération avec le gouvernement qui les opprime. Ainsi, se prononce-t-il notamment pour le boycott des produits textiles d'origine européenne, demandant aux hindous de filer et tisser leurs propres vêtements. L’indépendance du pays adviendra finalement en 1947. Chantre de la réconciliation entre les musulmans et les indous, Gandhi sera assassiné par un extrémiste l’année suivante. Il laisse une formidable épopée qui allie action publique et comportement intime. S’affirmer non-violent, ce n’est pas se contenter d’agir face aux pouvoirs, en privilégiant le combat contre les idées et non contre les hommes qui les professent. C’est, avant tout une attitude personnelle qui consiste à mettre son comportement quotidien en accord avec des convictions faites de cette bienveillance  à l'égard de tout ce qui vit et dont le fondement est bien la prise de conscience, la maîtrise et le renoncement à ce désir de violence qui est en l'homme.

 

… et  Martin Luther King

Seconde figure la non-violence, le révérend Martin Luther King. Pasteur baptiste et militant pour les droits civiques, il s’inspira des préceptes de non-violence de Gandhi et les appliqua à la lutte de la minorité noire aux Etats-Unis particulièrement victimes alors de discrimination. Son action prend une ampleur particulière en décembre 1955, alors que Rosa Parks est arrêtée, suite à son refus de céder son siège de bus à un homme blanc. Plusieurs associations noires dont celle de King décident le boycott des transports publics urbains, dont les noirs sont les clients presque exclusifs. Soutenu par 50 000 personnes, le mouvement se durcit s'élargit et dure plus d'une année. Le tribunal de district, puis la Cour Suprême américaine déclarent illégale la discrimination sur les lignes de bus de Montgomery et des villes voisines. Menacés, incarcérés, agressés, les responsables du boycott vont conserver, malgré toute la brutalité de la répression, une attitude pacifique. Visé lui-même par une bombe jetée sous le porche de sa maison, King prône sans relâche la non-violence pour mener le combat politique pour intégrer la communauté noire, marginalisée par les préjugés racistes, dans la société américaine. Il organisa et dirigea des marches pour le droit de vote, la déségrégation, l'emploi des minorités, et d'autres droits civiques élémentaires. Son action sera récompensée en 1964, par le Prix Nobel de la paix. Les manifestations d'envergure nationale qu’ils initient amèneront le Président Kennedy à promulguer une loi sur les droits civils annihilant la ségrégation raciale dans les écoles mais aussi dans le monde du travail. Le 4 Avril 1968, il est assassiné lors d'une "marche des pauvres ».

 

La non violence active

Ces exemples historiques démontent toute une série d’a prioris sur la non violence. Et tout d’abord la distinction fondamentale avec le pacifisme. Le pacifisme refuse toute forme de violence ou de guerre. Or, l'existence est toujours une lutte pour la vie. Pour défendre ses propres droits comme pour défendre les droits de ceux dont on est solidaire, l’on doit entrer en lutte contre ceux qui les menacent ou leur portent atteinte. Il serait illusoire de croire qu'il est habituellement possible de faire l'économie de ce moment de lutte et d'affrontement en ne misant que sur le dialogue pour obtenir justice. La non violence exerce une violence psychique ou psychologique dans la mesure où il provoque un rapport de force visant à obtenir le respect de sa place face à l’autre qui voudrait la nier ou la traiter d’une manière inégale. « La non-violence, affirmait Gandhi, suppose avant tout qu'on est capable de se battre ». cette attirtude n’a donc rien à voir non plus ni avec le fatalisme, ni avec l’attentisme ou la soumission. Elle constitue avant tout et surtout une philosophie de combat, d’un combat sans merci, mais d’un combat sans violence physique ni verbale. Il ne s’agit pas d’accepter son sort si l’on est opprimé, mais de s’y opposer en choisissant une voie qui n’imite pas l’attitude de son oppresseur et surtout qui respecte absolument  son adversaire, combattant ses idées et ses actes mais l’acceptant en tant qu’Homme. La capacité de résignation des hommes est plus grande que leur capacité de révolte. Aussi, l'une des premières tâches d'une action non-violente est-elle de « mobiliser » ceux-là mêmes qui subissent l'injustice.

 

Jeux de compétition ou jeu de coopération ?

La plupart des jeux proposés aux enfants sont basés sur la compétition. Il y a systématiquement un  gagnant et un perdant, les participants étant incité à réagir dans une logique du chacun pour soi. Le souci de vouloir faire mieux que ses concurrents peut être stimulant, l’émulation servant alors de support pour approfondir et intensifier l’effort, la réflexion et la créativité. Mais poussé à l’extrême, on peut en arriver à la recherche de la victoire à tout prix. Et la fin justifiant les moyens, la triche, aboutissent à des comportements destructeurs qui ne respectent plus que la loi du plus fort. S’il n’est pas question de renoncer à toute compétition, on peut développer parallèlement des jeux coopératifs dont l’objectif est réaliser la mobilisation de chacun et la concertation de tous. Il ne s'agit pas de gagner sur l'adversaire mais de faire équipe et cause commune pour gagner ensemble... ou de perdre ensemble si l'équipe s'est mal organisée, tout dépendant alors de la qualité de l'entraide et de la solidarité entre les joueurs. La coopération crée dans le groupe une sécurité de base, une atmosphère de confiance où chacun peut apprendre à s'exprimer, à défendre son point de vue avec assurance. Coopérer c'est "construire ensemble", mais l'action collective n'est pas la simple addition des actions individuelles ! Par le dialogue et la négociation il est possible de trouver ensemble la meilleure façon de jouer.

 

Jacques Trémintin – Journal de L’Animation  ■ n°70 ■ juin 2006

 
 
 
La violence est-elle toujours illégitime ?
« Je crois vraiment que là où il n'y a que le choix entre la lâcheté et la violence, je conseillerais la violence. (...) C'est pourquoi je préconise à ceux qui croient à la violence d'apprendre le maniement des armes. Je préférerais que l'Inde eût recours aux armes pour défendre son honneur plutôt que de la voir par lâcheté, devenir ou rester l'impuissant témoin de son propre déshonneur Mais je crois que la non-violence est infiniment supérieure à la violence, que le pardon est plus humain que le châtiment. (...) La non-violence est la loi de l'espèce humaine comme la violence est celle de la brute. L'esprit est assoupi chez la brute et celle-ci ne connaît d'autre loi que la force physique. La dignité de l'homme réclame de lui l'obéissance à une loi supérieure, - à la puissance de l'esprit"
Gandhi 1920
 
 
La désobéissance civile
« Le criminel enfreint les lois subrepticement et tâche de se soustraire au châtiment ; tout autrement agit celui qui résiste civilement. Il se montre toujours respectueux des lois de l'État auquel il appartient, non par crainte des sanctions, mais parce qu'il considère ces lois nécessaires au bien de la société. Seulement, en certaines circonstances, assez rares, la loi est si injuste qu'obéir semblerait un déshonneur... Alors, ouvertement et civilement, il viole la loi et subit avec calme la peine encourue pour cette infraction. Puis, afin d'affirmer sa protestation contre l'action des législateurs, il lui reste la possibilité de refuser sa coopération à l'État, en désobéissant à d'autres lois dont l'infraction n'entraîne pas de déchéance morale. »
Mohandas K. Gandhi(Extrait du rapport soumis par au comité de Lord Hunter qui étudiait les débuts du mouvement non violent)
 
 
Comment réagir à l’oppression ?
« Les opprimés réagissent de trois façons différentes à l'oppression. La première est l'acceptation ; ils se résignent à leur sort. Accepter passivement un système injuste, c'est en fait collaborer avec ce système et à dire à l'oppresseur que ses actes sont moralement bons. La seconde attitude consiste à réagir par la violence physique et la haine. La violence est inefficace parce qu'elle engendre un cycle infernal conduisant à l'anéantissement général. Elle est immorale parce qu'elle veut annihiler l'adversaire et non le convaincre. Elle détruit la communion et rend impossible la fraternité humaine. Elle contraint la société au monologue, là où devrait régner le dialogue. La troisième voie ouverte est celle de la résistance non-violente qui tente de concilier ce qu'il y a de vrai dans les deux autres : le résistant non-violent reconnaît avec ceux qui se résignent, qu'il ne faut pas attaquer physiquement l'adversaire ; et avec les violents, qu'il faut résister au mal. Il s'abstient à la fois de la non-résistance du premier et de la violence du second. »
Martin Luther King « Combat pour la liberté »
 
 
Pouvait-on être non violent face aux nazis ?
« Pour le monde entier, Gandhi est synonyme de non-violence ... Mais avait-il compris, demandent ses critiques, que la non-violence fait quelquefois plus de mal que la violence elle- même? Que la violence peut être dharma [devoir], que le devoir de défendre son pays, ses femmes et ses soeurs contre les agresseurs? (...) Gandhi ne semble pas avoir réalisé non plus l'ampleur du danger que le nazisme représentait pour l'humanité. Il appela Hitler, l'homme qui tua six millions de Juifs, 'mon frère bien-aimé' et conseilla aux Juifs d'utiliser la non-violence face à l'extermination hitlérienne. Cette innocence frise la crédulité criminelle. »
François Gautier, Un autre regard sur l'Inde, Editions du Tricorne, 2000
 
 
 
 

Fiche n°1 : Le témoignage de Thomas Janus

Le mode de relation entre enfants et dans une moindre mesure entre enfants et éducateurs (au sens large : parents, enseignants, animateurs …) est souvent empreint de violence. Tenter de gérer les conflits selon d’autres modalités est un combat de tous les instants. Il est bien plus facile de se laisser aller à son impulsivité que de réussir à toujours se réguler et se retenir. Pour illustrer cette affirmation, je voudrais faire le récit d’une journée particulièrement tendue telle qu’elle s’est déroulée l’été 2005 sur une colonie de vacances recevant des 6-15 ans.
8h45 : Je me lève et me dirige vers la salle à manger pour prendre mon petit déjeuner. Je surprends dans la salle d’activité deux petits qui en train de se battre. Manifestement, ce n’est pas un jeu : coups de poings, coups de pied, hurlements, insultes … Nous sommes en fin de séjour. De multiples mises au point ont eu lieu régulièrement. Là, il n’est plus question de parler, mais de contenir. Je prends chacun de deux enfants par le cou et les plaque au sol, leur signifiant que je peux rester ainsi le temps qu’il faudra. L’un me fait savoir rapidement qu’il est calmé : je le lâche. Le second continue à être très excité : ses yeux exorbités expriment une colère qui semble incontrôlable. Je l’entraîne alors dans le bureau pour lui permettre de décompresser. Je lui parle continûment, utilisant des paroles apaisantes. Au bout de dix minutes d’échanges, il m’affirme être calmé. Je le raccompagne dans la salle d’activité.
10h30 : un animateur et une animatrice m’amènent au bureau un enfant se débattant dans tous les sens, avec une force incroyable. Le bonhomme n’a pas supporté qu’on lui demande d’arrêter de cracher par terre. Il lui faudra du temps pour réussir à se calmer. A un moment, il se jette à terre et se cogne délibérément à plusieurs reprises la tête contre un poteau, me forçant à le prendre à bras le corps, l’asseoir sur une chaise et le rassurer en restant près de lui. Je finis par lui proposer de l’emmener avec moi faire des courses, ce qu’il accepte.
12h30 : De retour des courses, trois adolescentes viennent à ma rencontre. L’une d’entre elle s’est fait violemment frapper au bras par un jeune (j’apprendrai ultérieurement qu’il s’agit d’un chahut non contrôlé). Je l’accompagne à l’infirmerie. Impossible de toucher son bras. Nous sommes dimanche, la seule solution c’est l’hôpital où l’on se rend accompagné par l’ « agresseur » et une autre adolescente. J’ai en effet demandé à l’adolescent à l’origine du coup de « réparer », en devenant « chevalier servant » de sa victime. Ce qu’il accepte de bonne grâce.
17h00 : nous rentrons des urgences. Les chambres des garçons ont subi un début d’émeute. Deux animateurs, excédés d’avoir à demander sans cesse le rangement, ont « ramassé » eux-mêmes les affaires des enfants en réunissant en tas, non seulement celles qui traînent, mais aussi celles qui étaient dans les armoires. Fureur des enfants qui se sont mis à jeter les armoires par terre. Sept carreaux de cassés. Je rejoins le groupe d’adultes et prends, un à un, deux enfants pendant quinze à vingt minutes chacun pour contenir physiquement leur crise de nerf. Tous les adultes sont sur le pont. On réussit à calmer le jeu.
19h45 : un petit balance violemment une cuillère (mais cela aurait tout aussi bien pu être un couteau ou une fourchette) au visage d’un autre enfant qui se met à hurler. J’immobilise le premier enfant qui se débat en voulant me donner des coups de tête et me cracher dessus. Je le maintiens fermement. Il semble se calmer. Pas pour longtemps. Cinq minutes suffisent pour que je le vois se précipiter sur moi, en hurlant des menaces de mort. J’esquive et le plaque au sol où je dois éviter de nouveaux crachats. Je finis par le lâcher. L’enfant s’enfuit et sort du centre. Il nous faut prendre le minibus, pour aller le rechercher.
21h00 : une bagarre éclate entre quatre enfants. Je les place aux quatre coins du terrain sur une chaise en leur intimant de rester sur place, sans parler (ils y resteront deux heures). Une animatrice passe à côté de moi et reçoit un coup de pied d’un petit très en colère. Je me saisis violemment de l’enfant et le secoue, le plaçant à son tour sur une chaise. L’enfant se met à pleurer, m’accusant d’avoir voulu l’étrangler. Je me moque de lui et cris très fort. Quelques minutes après, conscient de la violence de mon comportement je m’accroupis devant l’enfant et lui présente des excuses. 

Fiche n°2 : Jeux de groupe coopératifs

Auto aveugle et conducteur muet
Un enfant a les yeux bandés. Un autre le conduit, en lui donnant des indications au moyen de pressions sur les épaules suivant une convention établie au départ, pour avancer, tourner, stopper. Il lui fait toucher différents objets, monter sur une chaise, passer sous une table, passer ses mains sous un robinet d’eau. Une fois ramené au centre de l’aire de jeu, l’aveugle doit identifier l’arbre étudié.
Pour quoi faire ?
Cela révèle les qualités de la relation établie entre les deux partenaires : confiance en l’autre, attitude de protection ou marge laissée à l’autonomie, abandon ou contraction, aptitude à appréhender la nature du sol, l’ombre et la lumière, les bruits.
Intervertir les rôles (prise de conscience des limites de la confiance accordée au guide, et de l’attention que je porte au partenaire aveugle).
L’exclusion
Un joueur cherche à pénétrer à l’intérieur d’un cercle formé par les autres, se tenant solidement par les épaules et présentant un mur aussi impénétrable que possible. Suivant le nombre, essayer avec deux ou trois exclus.
Pour quoi faire ?
Un mouvement très fort de solidarité s’établit spontanément pour interdire l’accès à l’exclu. Celui-ci devant le mur des dos, ressent intensément l’exclusion, le rejet par le groupe. Suivant ses capacités physiques, il choisira l’entrée en force, l’effraction, ou la ruse (le maillon faible, la chatouille ou le détournement d’attention).
L’inclusion
Jeu similaire, mais dans lequel le joueur est empêché de sortir du cercle, fait éprouver le découragement, l’abandon pouvant se transformer subitement en explosion d’énergie pour “s’en sortir”.
Pour quoi faire ?
Le groupe expérimente son pouvoir, la force de sa cohésion, mais la solidarité s’effectue au détriment de quelqu’un.
Le noeud géant
Faire une ronde. Sans lâcher les mains, nouer la chaîne, en passant les uns sur ou sous les autres.
Ensuite essayer de dénouer, toujours sans lâcher les mains !
Pour quoi faire ?
Dans ce contexte, se révèlent les caractères : indifférence passive, participation au dénouement, rationalité, expérimentation, imagination, sens de l’organisation et même hyperactivité. La coopération est nécessaire pour débloquer la situation, dans le respect de l’autre car les changements de positions sont souvent acrobatiques.
Les chaises musicales
Autant de chaises que de joueurs. Une marche entraînante.  Arrêt. Assis. À chaque signal, une ou deux chaises sont supprimées et les joueurs, sans qu’il y en ait d’éliminés, doivent de plus en plus coopérer pour s’installer tous sur les chaises restantes, sans qu’aucun pied touche le sol. Deux chaises ont supporté finalement une grappe d’une quinzaine de personnes.
Pour quoi faire ?
De la ruée spontanée du début pour avoir une place assise, le groupe arrive progressivement à une concertation nécessaire à l’édification de la pyramide finale, structure ou chacun a sa place et son rôle à jouer en fonction de sa force et de son goût du risque. Si compétition il y a eu, c’est pour mettre le maximum de ses possibilités au service de la collectivité. Mais cela est une émulation saine, utile et positive qui crée la cohésion du groupe.
Le monstre à quatre pattes
Par deux, dos à dos, s’accrocher les bras. Marcher, se déplacer latéralement. S’asseoir. Se relever.
Essayer le monstre à six pattes.
Pour quoi faire ?
Prendre conscience de la nécessité de s’appuyer sur l’autre pour avancer. A deux, à trois, on y arrive mieux que tout seul
La bouteille ivre
Groupe de 6 ou 7. En cercle et face au centre, campé solidement sur les jambes, les mains en avant.Au centre, un volontaire, pieds joints, bras le long du corps, yeux fermés, monobloc, se laisse aller en avant, en arrière...Les autres le reçoivent et l’accompagnent très doucement jusqu’à la verticale, en silence.
Pour quoi faire ?
Travail sur la confiance dans le groupe. S’en remettre à lui, lui faire confiance, pour assurer sa sécurité et son bien être.
N.B. : Après chaque exercice, laisser un temps de parole pour exprimer le vécu et ce que chacun à envie ou besoin de partager avec le groupe.
D’après www.ecole-et-nature.org
 
 

Fiche n°3 : Jeux de société coopératifs

CAVES AND CLAWS (Grottes et griffes)
À partir de 6 ans, 1 à 4 joueurs
Un musée charge une équipe d’archéologues de rechercher d’anciens objets dans la jungle profonde. Nous sommes cette équipe passionnée d’action et d’aventure. Il faudra atteindre les trésors et revenir au camp sains et saufs avec nos trouvailles. Un filet à tête, une lanterne au laser, un morceau de broccoli, une chaussette qui pue, nous aideront à surmonter les épreuves. Caves and claws est un jeu fantastique, rassemblant des éléments de suspens, avec un travail d’équipe, du danger et de l’humour.
SAND CASTLES (Châteaux de sable)
À partir de 5 ans, 1 à 8 joueurs
Les joueurs s’entraident à construire des châteaux de sable avant que les vagues n’arrivent sur la plage et les détruisent. Pour réussir, il faut amasser du sable, partager pelles et seaux, construire les châteaux et les protéger par un mur de sable, tout en surveillant la progression des vagues. D’où l’importance de concentrer ses forces pour sauver l’ouvrage. À vous de choisir la meilleur tactique !
EQUITUM  (jeu de cartes)
A partir de 11 ans. 3 ou 4 joueurs.
Durant l’antiquité, des territoires baignés par la même mer commencent à échanger entre eux. Les voiliers et les caravanes de marchands partent à la conquête de nouvelles ressources. Saurez-vous tirer parti de vos richesses et de votre sens des affaires ? Quel sort réserverez-vous à vos concurrents ? Vous devez marquer des points, en créant des routes commerciales seul ou avec vos voisins, en réunissant marchands, ressources et populations. Mais prenez garde, car si à la fin du jeu vous possédez trop d’avance sur ces derniers, c’est vous qui perdrez. Alors, attention aux autres, ils sont la source de votre victoire ! On peut en faire un jeu coopératif en visant un Equitum: tous les joueurs obtiennent le même nombre de points. Le jeu comprend 60 cartes et est accompagné d’un livret et permet une sensibilisation aux mécanismes du commerce international.
Où se procurer ces jeux ?
 JEUX DE TRAVERSE 62 avenue de la Plage 62155 Merlimont Tel/Fax: 03 21 94 90 52
Email : jeux.de.traverse@wanadoo.fr  Site Internet : http://perso.wanadoo.fr/jeux.de.traverse
 
 

Bibliographie pour les enfants :

« Dire non à la violence » Emmanuel Vaillant, Edition Milan Essentiels Junior
S'exprimant par des armes, des gestes, des comportements, des mots ou des images, la violence est un phénomène aux multiples facettes, auquel nous sommes de plus en plus confrontés. Pour agir, il faut d'abord lutter contre l'ignorance et les peurs qui entretiennent la violence. Ce livre se présente comme une petite encyclopédie pour les enfants à partir de 9 ans. Il aide à comprendre les situations et propose des pistes pour aider à s'en sortir, avec des exemples précis et quelques conseils. Utile pour les exposés en classe.

« Silence, la violence ! »Sylvie Girardet, Edition Hatier
 Dans une nouvelle collection intitulée " Citoyens en herbes ", les éditions Hatier reprennent un des grands succès de Sylvie Girardet et Puig Rosado, " Silence, la violence ! " (que l'on connaît par ailleurs sous la forme de film, d'exposition et de spectacle). Six petites fables pour apprendre à réagir de manière " non-violente " face à des situations difficiles ou conflictuelles. Les auteurs mettent ici en scène des animaux dans un environnement quotidien (disparition d'objet, accusation, voisinage difficile, rivalité, peur, différence) et proposent à chaque récit trois solutions. Viennent ensuite les différentes façons de régler ces problèmes (dialogue, entraide, acceptation des différences, protection des faibles, négociation, partage). Les jeunes lecteurs pourront ainsi, d'eux-mêmes, résoudre ces conflits où le dialogue, l'écoute de l'autre et l'entraide sont privilégiés.
 

Bibliographie pour les adultes

« Conflit, mettre hors-jeu la violence » de Bernadette  Bayada,  Anne Catherine Bisot,  Guy Boubault,  Georges Gagnaire,  Ed Chronique Sociale
Il y a souvent confusion entre conflit et violence, y compris dans les medias. Pourtant, le conflit fait partie de la vie et il ne s'exprime pas systématiquement par la violence. Proposer une approche non-violente du conflit consiste à s'en tenir strictement à l'objet du conflit pour que les personnes, au-delà de leur opposition et hors de tout débordement de violence, puissent être capables de chercher ensemble une solution. Apprendre à écouter, à exprimer ses sentiments, à négocier, à être médiateur... telles sont quelques-unes des aptitudes à développer. L'enjeu est de faire évoluer les rapports humains et sociaux vers davantage de justice en mettant hors-jeu la violence.

« Pratiques d'éducation non-violente, nouveaux apprentissages pour mettre la violence hors-jeu » Ouvrage collectif sous la direction de Bernadette Bayada et Guy Boubault, Editions Charles Léopold Mayer, 2004.
 L'environnement international montre combien la culture de la violence est tenace. Cela n'a pas échappé à l'ONU qui, parmi les objectifs prioritaires de la "Décennie 2001-2010 de promotion d'une culture de la paix et de la non-violence", fait figurer la prévention de la violence et l'apprentissage de la gestion des conflits. Ces recommandations risquent néanmoins de rester lettre morte si rien n'est véritablement entrepris pour aider les individus, les familles et les structures d'éducation à faire évoluer leurs comportements et leurs modes d'intervention auprès des enfants et des jeunes. Dans cet ouvrage, Bernadette Bayada, Guy Boubault et l'ensemble de la rédaction de Non-Violence Actualité, démontrent qu'il est possible de mettre en place des programmes, de développer des outils et de proposer des formations qui facilitent l'accès à de nouvelles compétences sociales et psychologiques. De nombreuses initiatives pédagogiques sont ici présentées, à la fois en milieux scolaires et extra-scolaires, qui enseignent aux élèves les comportements respectueux, les principes de la communication ou encore la gestion des relations et des différends. De véritables programmes scolaires d'éducation à la citoyenneté sont en effet conçus et expérimentés, conduisant le plus souvent à des résultats encourageants tant sur l'ambiance générale de la classe que sur le niveau d'acquisition des connaissances. L'objectif de ces pratiques d'éducation non-violente est d'améliorer les relations interpersonnelles et les rapports sociaux. Expression des émotions, affirmation de soi, communication non-violente, gestion constructive des conflits constituent la base de ces savoir-faire et savoir-être de "première nécessité".
 
 

Fichiers de jeux :

« Jouons ensemble : 40 jeux coopératifs pour les groupes : pour les 6-12 ans... et les autres » Collectif, Editions NVA, 2001
Présentés sous forme de fiches cartonnées, ces jeux sont faciles d'utilisation. Ils sont classés en fonction de notions essentielles pour une résolution non-violente des conflits : respect, confiance en soi, esprit de groupe, créativité. Il s'agit également d'apprendre la coopération plutôt que d'inciter à la compétition ou à la mise en valeur de l'individu au détriment de la vie sociale du groupe.

« Pour une éducation à la non-violence : Activités pour éduquer les 8/12 ans à la paix et à la transformation des conflits »  Jeanne Gerber, Ed. Chronique Sociale, 2000 
Un livre d'activités pour éduquer les 8-12 ans à la paix et à la transformation des conflits. Le conflit ne va ni disparaître, ni être complètement résolu, mais peut-être transformé en une solution à laquelle on n'avait pas encore pensé. Le conflit, en effet, peut-être source d'énergie et facteur de changement. Cette démarche favorise la confiance en soi, qui permet la confiance en l'autre, puis progressivement en l'inconnu. Les activités proposées, réparties en 20 modules, intègrent la tête, le corps et l'affectif en utilisant des histoires, des jeux, des chants et des moments de partage. Les exercices sont individuels, ou se jouent à deux, en petits groupes ou tous ensemble. Cet ouvrage présente un projet d'éducation à la paix dans lequel parents, enseignants, éducateurs pourront puiser conseils et inspirations.

« Je coopère, je m'amuse : 100 jeux coopératifs à découvrir » Christine Fortin,  Editions Chenelière/Pirouette 
Les jeux coopératifs favorisent le travail d'équipe, l'harmonie, la collaboration et le partage. Ces valeurs fondent une philosophie de la vie basée sur la participation de tous et la réussite collective. Le recueil d'activités ludiques est classé en 5 chapitres : jeux pour faire connaissance, jeux pour entrer en contact, jeux actifs, jeux pour moments plus calmes et jeux de parachute. Chaque fiche de jeu comporte les indications de mise en oeuvre : conditions de lieu, de temps, nombre de participants, âge, durée, préparation, matériel, objectifs et déroulement. Un livre qui enrichit les ressources de l'animateur que ce soit dans le centre de loisirs, la cour de récréation et, pourquoi pas, dans la famille.