Les émotions

Mieux vivre avec ses émotions

Craintes par les uns qui y voient la porte ouverte au déferlement non contrôlé des passions, revendiquées par d’autres qui veulent en faire le moteur de la créativité relationnelle, les émotions sont au cœur du fonctionnement humain. Mieux les comprendre, c’est aussi mieux les analyser et mieux savoir les canaliser et les utiliser. C’est ce que nous allons tenter de faire dans ce dossier, l’objectif étant de fournir des outils de décodage qui permettent à l’animateur d’identifier chez lui et chez l’autre des mécanismes qui peuvent constituer un atout et un allié.
 
En 1955, Jack Finey publiait aux Etats Unis un roman de science fiction « L’invasion des profanateurs » porté à l’écran l’année suivante par Don Siegel. Son récit met en scène des extra terrestres s'emparant progressivement, pendant la nuit, du corps des habitants d’une petite bourgade proche de Los Angeles, et les transformant en êtres dénués de toute émotion. La description de ces véritables zombis désaffectivés, délivrés de toute passion, mais aussi de la moindre attention à l’égard d’autrui, démontre en creux ce qui constitue l’une des caractéristiques particulièrement ambivalentes de l’espèce humain: sa capacité à s’émouvoir. Si ce potentiel nous porte parfois à bien des excès induits par la haine, la rancune ou la jalousie, il nous permet tout autant d’adopter des attitudes positives quand celles-ci sont portées par l’amour, la gratitude ou la sincérité. De quoi alimenter depuis des milliers d’années tant la méfiance que l’intérêt chez celles et ceux qui ont essayé de penser la nature humaine. Avant de nous pencher sur le renouveau pris au cours des deux dernières décennies par la réappropriation de l’intelligence émotionnelle, il est incontournable de cerner ce concept d’un point de vue sémantique et historique : en quoi consistent ces émotions et d’où vient cette particularité de l’espèce humaine ?
 
 
Ce que sont les émotions…
L’émotion provoque des implications tant organiques que subjectives. Ainsi, la peur se manifeste-t-elle autant par des tremblements, une transpiration, une accélération du rythme cardiaque que par un malaise et une impression de danger. L’émotion se distingue donc de la sensation qui se rapporte à la stimulation de nos divers systèmes sensoriels : vision, audition, olfaction, gustation, proprioception (tension musculaire, position et mouvement du corps, équilibre, déplacement…). Mais, elle ne se réduit pas non plus au seul sentiment qui désigne plus un état psychique. En fait, elle est les deux à la fois. Emouvoir vient du latin exmovere « remuer, ébranler » qui a pris le sens en Français de « mettre en mouvement ». L’émotion serait donc cette transformation active non seulement de la conscience, mais aussi de l’organisme, due à une situation nouvelle pouvant constituer soit une menace soit un agrément. Cette définition est sans doute à relier aux recherches anthropologiques qui rapprochent le développement des compétences émotionnelles au sein de l’espèce humaine aux besoins des premiers chasseurs-cueilleurs d’adopter des réponses adaptatives rapides aux modifications auxquelles ils étaient confrontés. Pour Charles Darwin (1), l’expression des émotions aurait non seulement un rôle utilitaire et servirait de support de communication, mais se transmettrait par hérédité. Elle serait l’un des moyens élaborés par notre humanité pour survivre aux éléments hostiles et menaçants qui l’entourent.
 

… et à quoi elles servent (2)

Ainsi, de l’expression faciale du dégoût qui mime le réflexe de recracher une substance toxique et le pincement du nez, l’évitement d’une odeur agressive. La surprise se présente sous la forme d’une élévation des sourcils : l’œil recevant plus de lumière, la perception d’un éventuel danger s’en trouve facilité. La colère provoque une mimique de préparation à l’attaque et un afflux de sang vers les mains qui doivent être prêtes à servir. Quant à la peur, elle produit une pâleur du visage due au reflux de sang vers les membres inférieurs susceptibles d’être tout particulièrement sollicités en cas de fuite rapide. Pour ce qui est de la joie, elle contracte le muscle orbiculaire de l’œil, puis étire la bouche, laissant apparaître les dents, signe dans tout le règne animal d’une menace, mais là, symbole du plaisir. La tristesse, enfin, provoque le relâchement des muscles de la mâchoire et une contraction du muscle sourcilier, semblant marquer la volonté de retrait et de solitude. Peut-on trouver dans ces manifestations précises une universalité à exprimer psychiquement et physiologiquement un certain état ? Cette hypothèse a été vérifiée par le psychologue américain Paul Ekman et son équipe qui ont présenté à des milliers de personnes à travers le monde les mêmes photographies de visages exprimant diverses émotions. Ils démontrèrent ainsi que partout on attribuait les mêmes significations aux mêmes expressions faciales. Ce qui ne signifie pas pour autant que toutes les cultures les ont codifiées à l’identique.
 

L’imprégnation culturelle

Si le ressenti et l’expression des sentiments peuvent apparaître comme provenant du plus profond de l’intimité, ils n’en sont pas moins socialement et culturellement modelés. Aucun geste, posture, mimique ne renvoient à une signification simple et immuable, explique David Le Breton (3). Chaque signe est arbitraire et dépend non seulement du cadre social et culturel dans lequel il est exprimé, mais aussi de la différence de style de chaque individu. Ce qui explique qu’un même geste, perçu comme une offense dans une société, sera considéré comme un geste d’approbation ou de complicité dans une autre. Ainsi, ces prêtres japonais qui pour rendre hommage à leurs dieux, crachent sur leurs statues. Ainsi de ces larmes et du sourire qui ne signifient pas automatiquement pour tout le monde respectivement la douleur et la joie. Ainsi de ces Esquimaux qui ignorent la colère tant dans son ressenti que dans son expression. En fait, la société identifie, classe et juge les états affectifs selon leur conformité implicite avec les comportements attendus. Le petit enfant va progressivement apprendre à modérer ses sentiments et à contrôler ses émotions selon les normes en vigueur, le groupe agissant directement pour renforcer ou au contraire modérer telle ou telle expression. La socialisation des affects n’est pas seulement structurée par la culture d’origine. Les appartenances de genre les imprègnent tout autant.
 

Le sexe des émotions (4)

Etre garçon ou fille est d’abord déterminé biologiquement : l’hormone mâle (la testostérone) émousse l’expression émotionnelle, inhibe les pleurs et favorise l’agressivité alors que l’hormone femelle (la progestérone) produit plus facilement l’anxiété et l’humeur dépressive.
Sur cette base qui semble un donné incontournable, s’élabore un conditionnement qui amène le petit d’homme à réagir en fonction du sexe auquel il appartient. Les parents et tout l’entourage les y encouragent consciemment ou inconsciemment. A preuve, l’expérience de cette photo représentant un bébé en pleurs et soumise à plusieurs groupes témoins. Lorsqu’on présente l’enfant comme une fille, l’image inspire l’impression « qu’elle a du chagrin ». Lorsque l’enfant est présenté comme un garçon, la même image amène des réflexions différentes: « il est en colère ». Culturellement, le sexe masculin est porteur d’agressivité et de turbulence, là où le sexe féminin est réputé intérioriser bien plus ses pulsions. La société va faire en sorte que chacun respecte ce modèle. On peut, en la matière, dresser le tableau des idées fausses: les femmes seraient plus influençables, plus sociables et plus passives que les hommes. On peut s’interroger sur certaines autres : envie de dominer et compétition au masculin et jalousie et bon sens au féminin. Enfin ce sont les différences incontestables: intuition, expression créatrice et aptitude à la communication sont plus chez les femmes, activités visuo-spatiales et orgueil chez les hommes ...
 

Réhabiliter les émotions

Produit à la fois de la physiologie et de la psychologie humaine, les émotions sont là et bien là. Longtemps elles ont été classées du côté des passions et opposées à la raison. Robert Elias (voir encadré) établit un parallèle entre le processus de civilisation et la domestication des émotions. Les montrer en public était considéré (et l’est encore) comme indécent, voire impudique. Les règles de savoir-vivre occidental incitent à tempérer et à intérioriser les manifestations d’une trop grande émotivité. Retenue et contrôle de soi sont les attitudes requises et valorisées. Exprimer sa peur, se mettre en colère, rire à gorge déployée ou pleurer devient une preuve de faiblesse, voire de fragilité. Pourtant, chacune de ces émotions a sa raison d’être (5). La peur permet de signaler les dangers et incite ainsi à se protéger. La colère libère une foule d’hormones, dont l’adrénaline qui favorise le changement, tout en évacuant ce qui pourrait sinon se transformer en violence froide. La joie possède des vertus thérapeutiques, stimule l’hormone du plaisir et constitue un euphorisant et un excellent désinhibiteur naturel. Quant à la  tristesse, elle permet le repli momentané sur soi propice au travail de deuil. Loin donc d’être les obstacles qu’on a longtemps imaginés au bon fonctionnement des relations humaines, les émotions en sont l’un des moteurs. Comme on a tout autant cherché à les limiter à des passions qui s’opposeraient à la raison.
 

La voie de la sagesse

Antonio Damasio les a réconcilié (6): être rationnel, ce n'est pas se couper de ses émotions, affirme-t-il. Le cerveau qui pense, qui calcule, qui décide n'est pas autre chose que celui qui rit, qui pleure, qui aime, qui éprouve du plaisir et du déplaisir. Le coeur a ses raisons que la raison... est loin d'ignorer. Contre le vieux dualisme cartésien et contre tous ceux qui voudraient réduire le fonctionnement de l'esprit humain à de froids calculs dignes d'un superordinateur, c'est en tout cas ce que révèlent les acquis récents de la neurologie : l'absence d'émotions et de sentiments empêche d'être vraiment rationnel. Il n’y a donc guère de justifications à continuer au mieux à se méfier de ces émotions au pire à les garder à distance. Tout au contraire, apprendre à les (re)connaître, à les accepter et à se les approprier doit permettre d’en faire un outil au service de notre épanouissement. De toute façon, nous n’avons guère le choix : soit on les pilote, soit on les subit. Le psychiatre Christophe André l’explique bien : « Je compare souvent les émotions à des chevaux : les réguler, c'est maîtriser quelque chose de vivant, et au départ de plus fort que nous. Les émotions sont de bons serviteurs, mais de mauvais maîtres. Ce sont des forces biologiques qu'il faut absolument apprendre à conduire. » (7) Alors, n’hésitons plus à accueillir nos émotions comme celles de l’autre, afin de les utiliser comme un moteur positif de
 l’amélioration des relations humaines.

(1)   « L’expression des émotions chez l’homme et les animaux » Charles Darwin, Complexe, 1990
(2)   « Le dictionnaire des sciences humaines » sous la direction de Jean-François Dortier, éditions Sciences Humaines, p. 187 à 190
(3)   « Les passions ordinaires - Anthropologie des émotions » David Le Breton, éditions Armand Colin, 1998
(4)    « Le sexe des émotions » Alain Braconnier, Odile Jacob, 1996
(5)   « Dossier : nos émotions : les contrôler ou les exprimer ? » Catherine Marchi  (www.psychologies.com )
(6)    « L’erreur de Descartes », Antonio Damasio, Odile Jacob, 2008
(7)   « La force des émotions »  Christophe André et François Lelord, Editions Odile Jacob, 2001
 
 
Lire interview : Filliozat Isabelle - Emotions
 

Combien d’émotions ?
Descartes identifiait six passions primitives (l’admiration, l’amour, la haine, le désir, la joie et la tristesse), capables de produire par combinaison toutes les autres. En 1975, le psychologue James R. Averill a comptabilisé en 1975 plusieurs centaines d’émotions dans le vocabulaire anglais. Philip Johnson-Laird et Keith  Oatley arrivent en 1985 à plus de six cent termes et locutions, mais à quatre émotions fondamentales : bonheur, peur, colère et dégoût. Spécialiste de l’expression faciale, Paul Erkman établit une liste de six émotions de base le plus souvent reprise : la joie, la colère, la peur, la tristesse, le dégoût et la surprise.  
D’après Sciences Humaines n° 68 (01/97)
 


Le contrôle des affects
Dans « La Civilisation des mœurs », Norbert Elias explique la profonde modification des moeurs qui intervient à Renaissance : les manières de se tenir à table, de se moucher ou de déféquer marquent le refoulement de l’aspect « animal » ou « pulsionnel ».  La fourchette remplace les doigts, la nudité recule et la sexualité est cachée aux enfants. Quant au crachat,  considéré jusque là comme une pratique saine, il est désormais perçu comme inconvenant et dangereux, car il favorise les contagions. L’autocontrôle et l'intériorisation de la civilité gagnent sur les attitudes spontanées ou naturelles. Les pratiques « non-civilisés » du Moyen Age provoquent la honte et de dégoût. Les émotions sont dans la foulée, elles aussi refoulées.

 

Attention aux gourous et aux sectes !
Les théories du développement personnel qui se sont fait une spécialité de la gestion des émotions proposent tout et n’importe quoi. Avant de se lancer dans la multitude de « méthodes », « coaching » et autres livres de recettes vendus sur le marché, trois précautions sont nécessaires :
1- Se méfier des marchands de mieux-être qui proposent comme preuve de leur efficacité les témoignages des seules personnes enthousiastes. 
2- Attention aux descriptions hermétiques, floues ou ésotériques : se renseigner sur les théories et les références utilisées.
3- Vérifier que les formateurs sont diplômés en médecine psychiatrique, en psychologie, ou en sociologie.
 
 

« Dans les villages de l'Alentejo, au Portugal, où a travaillé Miguel Vale de Almeida, les hommes sont soumis à un régime affectif rigoureux qui les empêche d'exprimer toute une gamme d'émotions, plutôt dépressives, qui sont associées aux femmes. Comme ailleurs dans le monde méditerranéen, les hommes de l'Alentejo « ne sont jamais supposés exprimer librement des sentiments et des émotions qui mettent en cause l'image de la force et de l'autosuffisance masculines ». Mais certains poèmes (décimas) récités dans les cafés permettent aux hommes d'exprimer des sentiments « féminins » – l'amour, la trahison, la peur de la mort – inadmissibles en d'autres circonstances. La récitation de cette poésie leur permet, selon Vale de Almeida, « sinon de briser, du moins d'assouplir les frontières qui séparent féminin et masculin ».
Vincent Crapanzano
« Réflexions sur une anthropologie des émotions » in Terrain n°22 mars 1994
 
 

Testez votre quotient émotionnel
Daniel Goleman a imaginé un test amusant (et sans valeur scientifique) qui permet de mesurer votre quotient émotionnel (QE). Cochez une réponse par question puis reportez-vous aux réponses pour comptabiliser vos points.
1. Votre avion est secoué comme un prunier. L'hôtesse annonce: «Nous traversons une zone de fortes turbulences». Que faites-vous?

a) Vous continuez à bouquiner ou à regarder le film comme si de rien n'était.
b) Vous observez du coin de l'oeil le personnel de bord et relisez la feuille d'instruction «en cas d'urgence».
c) Vous faites un peu de a) et de b).
d) N'en savez rien. Jamais prêté attention à ça.
2. Vous êtes au parc avec une bande d'enfants de 4 ans. Une fillette pleure parce que les autres ne veulent pas jouer avec elle.

a) Vous les laissez se débrouiller.
b) Vous discutez avec elle: comment pourrais-tu faire pour que les autres t'acceptent dans leurs jeux?
c) Doucement, vous lui dites: «Voyons, me pleure pas».
d) Pour la distraire, vous lui lancez: «Viens! On va jouer à autre chose.»
3. Vous espériez avoir la note 6 au lycée, vous n'avez qu'un 4.

a) Vous faites des plans pour vous améliorer.
b) Vous prenez la résolution de faire mieux.
c) Vous pensez: tant pis pour cette matière, j'excelle dans les autres!
d) Vous allez voir le prof et râlez pour qu'il vous mette une meilleure note.
4. Vous vendez des assurances. Après 15 appels, vous faites chou blanc. Découragé, vous vous dites:

a) C'est un sale jour, demain ça ira mieux.
b) Qu'est-ce qui cloche avec moi pour que j'aboutisse à tous ces refus?
c) Je vais essayer quelque chose de nouveau dans mes prochains téléphones.
d) Je vais changer de boulot.
5. Vous êtes manager. Lors d'une réunion, un employé se permet une blague raciste.

a) Vous ignorez - après tout, ça n'est qu'une blague.
b) Vous faites venir la personne dans votre bureau et la réprimandez.
c) Devant tout le monde, vous faites immédiatement remarquer qu'ici, on ne fait pas ce genre de blagues.
d) Vous suggérez à l'employé de suivre un cours de formation sur le thème des diversités ethniques.
6. Votre ami est fou furieux parce qu'un chauffard lui a coupé la route.

a) Vous lui dites de ne pas en faire tout un plat et d'oublier.
b) Vous mettez sa cassette favorite pour le distraire.
c) Vous renchérissez et l'aidez à sortir toute sa haine du chauffard.
d) Vous dites que ça vous est aussi arrivé, mais qu'après coup vous vous êtes rendu compte que la voiture se rendait aux urgences.
7. Scène de ménage dévastatrice.

a) Vous faites une pause de vingt minutes pour vous calmer, avant de reprendre la discussion.
b) Vous coupez la discussion sans vous troubler et ne répondez pas aux provocations.
c) Vous vous excusez et demandez à votre partenaire d'en faire autant.
d) Vous prenez un instant de réflexion intérieure pour récapituler aussi objectivement que possible vos griefs.
8. Vous dirigez un groupe qui doit résoudre un problème.

a) Vous tirez votre agenda pour que chacun vienne avec les meilleures solutions dans les meilleurs délais.
b) Vous prenez du temps pour que chacun fasse connaissance.
c) Vous demandez à chacun quelles sont ses idées, pendant qu'elles sont encore fraîches.
d) Vous mettez sur pied un brain-storming: toutes les solutions qui passent par la tête des gens sont bienvenues.
9. Votre fils de 3 ans est hypersensible, il craint nouveaux endroits et personnes depuis sa naissance.

a) Il est timide: il faut le protéger.
b) Allons voir un psy pour enfant.
c) Vous l'exposez à ce genre de situations pour qu'il domine sa peur.
d) Vous l'entraînez très progressivement à faire face à des situations de ce type.
10. Vous voulez vous remettre à l'instrument de musique que avez négligé dans votre enfance.

a) Vous vous y attelez chaque jour, pour des exercices.
b) Vous choisissez d'abord des morceaux à votre portée.
c) Vous vous y mettez seulement quand vous en avez envie.
d) Vous choisissez des morceaux difficiles, que vous finissez par maîtriser.

 
Calculez votre QE:

Q1: Toutes les réponses sont bonnes, sauf D, qui montre que vous êtes inconscient de vos réponses sous stress.     A=20, B=20, C=20, D=0
Q2: B est la meilleure réponse. Vous savez utiliser les crises pour en tirer le meilleur parti.     A=0, B=20, C=0, D=0
Q3: A est la meilleure réponse. La volonté d'élaborer un plan est preuve de self-motivation.     A=20, B=0, C=0, D=0
Q4: C est la meilleure réponse, un signe d'optimisme, de persévérance et d'imagination.     A=0, B=0, C=20, D=0
Q5: C est la meilleure réponse. Vous êtes très clair sur ce qui est socialement permis au sein de l'entreprise.     A=0, B=0, C=20; D=0
Q6: D est la meilleure réponse. Vous êtes capable tout à la fois d'empathie et de calmer la situation en modifiant les points de vue.     A=0, B=5, C=5, D=20
Q7: A est la meilleure réponse. 20 minutes sont physiologiquement nécessaires pour que corps et cerveau se calment et redeviennent cool.     A=20, B=0, C=0, D=0
Q8: B est la meilleure réponse. Le travail en groupe est plus créatif si l'harmonie règne.     A=0, B=20, C=0, D=0
Q9: D est la meilleure réponse. Vous ne placez pas les gens devant des défis qu'ils sont incapables de relever.     A=0, B=5, C=0, D=20
Q10: B est la meilleure réponse. Vous savez mêler apprentissage et plaisir, ce qui donne les meilleurs résultats.    A=0, B=20, C=0, D=0
 
Faites votre total... Avec 200 points, vous avez un QE maximum. Avec 100 points, vous avez la moyenne. En dessous, vous avez du chemin à faire.
 


L’intelligence émotionnelle s’acquiert et se développe à tout âge : autant apprendre très tôt.

- Nommer les émotions que ressent le bébé afin de l’aider à les identifier malgré le chaos affectif qui le traverse.
- Garder à l’esprit que l’enfant, même grand, reste très soumis à ses émotions.
- Lui apprendre à mettre en mots ce qu’il ressent sans blesser l’autre. Le courroux n’est pas forcément la façon la plus efficace d’obtenir ce qu’on veut.
- A l’époque des grosses colères (2 ans environ), l’isoler dans sa chambre et lui
demander d’essayer d’expliquer ce qui l’a perturbé.
- Parler à l’enfant de ses propres ressentis car, pour évoluer et grandir, il a besoin des émotions des adultes qui l’entourent. Les enfants se mettent souvent en colère et
deviennent violents parce qu’ils prennent à tort des signes et des expressions neutres pour des marques d’hostilité.
- Accueillir sans jugement ses messages de tristesse ou d’angoisse, ses pleurs, ses cris, ses mots agressifs.
- N’interdire aucun type d’émotion. L’enfant perçoit très vite quelles émotions il faut réfréner pour être accepté et aimé par ses parents, la plupart des blocages émotionnels à l’âge adulte viennent de ce conditionnement affectif négatif. Celui qui n’a jamais le droit de manifester sa colère apprendra à sourire quand il a envie de mordre, perdant ainsi contact avec sa vraie personnalité.
- Eviter de transformer les garçons en " petits durs " qui n’ont pas le droit d’exprimer leurs émotions et de cantonner les filles dans des modèles de douceur et de compréhension. Mais la tâche n’est pas facile car les enfants réclament des repères bien
définis pour construire leur identité sexuelle.
- L’aider à développer sa créativité.
- Renforcer l’écoute à l’adolescence car c’est un moment délicat. Souvent, les parents se dérobent, incapables de se remettre en cause ou d’exprimer leur ressenti.
- Ne pas croire que tous les problèmes affectifs puissent être résolus. On n’apprend pas l’émotion comme on apprend la grammaire. Cela relève de l’intime.

d’après Catherine Marchi « Dossier : nos émotions : les contrôler ou les exprimer ? » (www.psychologies.com ) mars 1999

 
 
Bibliographie
« L'intelligence émotionnelle » Daniel Goleman, 2006, édition de poche ’’J’ai lu ’’
Le Quotient Intellectuel néglige une part essentielle du comportement humain. Il existe une autre forme d'intelligence, le Quotient Emotionnel, que l'on peut stimuler et développer dès l'enfance. L’auteur développe cinq concepts principaux représentant les axes de cette intelligence relationnelle. Le premier, la conscience de soi, est la capacité à comprendre ses émotions, à reconnaître leur influence à les utiliser pour guider nos décisions. Le second, la maîtrise de soi, consiste à maîtriser ses émotions et impulsions et à s’adapter à l’évolution de la situation. Le troisième concept, celui de la motivation consiste à utiliser ses envies les plus profondes comme une boussole qui guide vers ses objectifs, aide à prendre des initiatives, à optimiser son efficacité et à persévérer malgré déconvenues et frustrations. La conscience sociale ou l’empathie, quatrième concept, englobe la capacité à détecter et à comprendre les émotions d’autrui et à y réagir. Enfin, la gestion des relations, qui est le quatrième concept, correspond à la capacité à inspirer et à influencer les autres tout en favorisant leur développement et à gérer les conflits. Ces compétences ne sont pas des talents innés, mais plutôt des capacités apprises qu’il faut développer et perfectionner. Refuser d'écouter ses émotions peut entraîner une instabilité générale, alors qu’être à leur écoute permet de s’épanouir pleinement tant dans sa vie personnelle et professionnelle que qu’au niveau de sa santé.
 
« L’intelligence du coeur- Rudiments de grammaire émotionnelle » Isabelle FILLIOZAT, Edition J.C. Lattès, 1997
Notre civilisation judéo-chrétienne a inscrit depuis des millénaires dans notre éducation, la méfiance à l’égard de nos émotions que nous avons toujours été invités à réprimer. Or, peur, colère, agressivité sont des expressions tout à fait saines de nos sentiments. L’angoisse, la honte ou la violence constitue des réactions frustrées à ces pulsions qu’on n’a pas voulu reconnaître et accompagner. Accéder à la compréhension des sentiments qui nous animent, c’est apprendre à mieux gérer nos états internes et à faire le tri de nos peurs et de nos rages. L’objectif consiste bien à renforcer notre capacité à vivre ensemble. Combien nous sommes loin du compte. Il est si fréquent d’hésiter à partager son ressenti. Or, si on ne met pas de mots sur ce qu’on sent, on n’évitera pas pour autant la transmission de son état mental qui transparaîtra de toute façon d’une autre manière. Ces adultes, qui sont insensibles à eux-mêmes et à leurs enfants ont le plus souvent subi eux-mêmes l’insensibilité de leurs propres parents. L’éducation qui permet à l’enfant d’advenir en un adulte épanoui et en contact avec les autres est celle qui assure sa confiance en lui. Se sentir exister, être accepté inconditionnellement, se sentir apprécié et être autorisé à exprimer ses ressentis constituent la meilleure façon de rentrer en harmonie avec l’autre.
 
« Au cœur des émotions de l’enfant – Comprendre son langage ses rires et ses pleurs »  Isabelle FILLIOZAT, éditions Jean-Claude Lattès, 1999
Nourrir le quotient intellectuel des enfants n’est pas suffisant. Il faut aussi leur apprendre à identifier, nommer, comprendre, exprimer et utiliser positivement leurs émotions, sous peine de les voir en devenir les esclaves. Pour accroître leur quotient émotionnel, il faut que les adultes écoutent les enfants, leur donnent la permission de libérer leurs tensions et leur offrent  un espace pour décharger leurs émotions. C’est sur cette intelligence de cœur qui nécessite une juste maîtrise des peurs, des colères et des tristesses du quotidien. Quelles sont les questions que nous devons nous poser pour favoriser cet épanouissement émotionnel ? D’abord, s’interroger sur ce qu’est le vécu de l’enfant : celui-ci est facilement envahi par ses affects, il reste prisonnier de l’immédiateté de ses réponses, sans médiation de la pensée pour relativiser les choses. Il faut donc l’écouter et essayer d’identifier sa vision du monde, pour mieux comprendre ses réactions. La deuxième attitude consiste alors à savoir interpréter s’il y a ou non dans son comportement un message à décoder. Mais attention : l’écoute respectueuse des émotions de l’enfant n’implique pas systématiquement la satisfaction de ses demandes. L’aptitude à gérer la frustration, à différer une satisfaction, à subordonner le présent au futur constitue un élément fondamental de la capacité au bonheur.
 
« Que se passe-t-il en moi ? Mieux vivre ses émotions au quotidien » Isabelle FILLIOZAT, JC Lattès, 2001
Les émotions nous aident à devenir raisonnables et nous guident dans nos choix quotidiens, orientent nos actes, nourrissent nos pensées. Elles ne deviennent destructrices que lorsqu’elles ne peuvent être vécues, exprimées et entendues. Toute une série de mécanismes se sont en effet mis en place, pour gérer à notre place ces émotions que nous ne nous autorisons pas à assumer. Ainsi, en va-t-il des ces émotions élastiques qui nous proviennent du fin fond de notre passé et qui interviennent dans notre présent. C’est aussi le cas de ces sentiments de substitution qui viennent, en lieu et place d’un autre sentiment, exprimer ce qui va apparaître alors dans la plus grande confusion. C’est encore le mécanisme de projection qui nous fait dire aux autres ce qui est avant tout l’expression de nous-même. Et la collection de timbre ? Cette accumulation de sentiments qu’on a renoncée à exprimer et qui, un beau jour, explosent (en faisant souvent beaucoup de dégât dans notre entourage) ou implosent (provoquant alors des troubles physiques ou psychiques). Sans oublier cette contagion qui nous gagne quand l’émotion d’autrui entre en résonance avec des émotions refoulées en soi. Prendre enfin la responsabilité de nos ressentis, c’est trouver la voie pour arrêter de nous reprocher les uns les autres nos comportements respectifs.
 
« Les émotions. Tour d'horizon des principales théories » Véronique Christophe, 2008, Presse universitaire du Septentrion
Le propos de cet ouvrage est de rendre compte de manière didactique et synthétique des principales théories qui tentent de définir et de conceptualiser les émotions. L'auteur présente successivement : les théories centrées sur les aspects physiologiques périphériques et centraux des émotions, les théories qui ont étudié le rôle et la fonction des processus cognitifs dans l'élaboration de l'émotion - c'est-à-dire principalement les théories de l'évaluation et les théories schématiques, les théories directement issues de la perspective de DARWIN - plus particulièrement la notion d'émotions fondamentales et l'expression émotionnelle, et enfin le point de vue du constructivisme social d'Averill, dont la particularité est de considérer l'émotion comme une "construction sociale". Il s'agit là d'un véritable outil de travail auquel le lecteur débutant dans le domaine pourra se référer afin d'acquérir les bases de connaissances théoriques liées aux émotions. Une liste détaillée de références bibliographiques complète ce document.
 
 « J'éveille mon enfant aux émotions. Laissez-les s'exprimer ! » Judith Leroy, 2007, Plon
Difficile de savoir ou de parler de ce que l'on ressent. Pourtant, les émotions, qui existent dès la naissance, peuvent handicaper l'évolution de nos enfants si elles sont inhibées ou mal vécues, au risque de les empêcher d'être des adultes épanouis, respectueux d'eux-mêmes et des autres. Ce livre a pour but d'aider chaque parent à accompagner son enfant vers la découverte de ses émotions. Il propose des méthodes ludiques pour cultiver ses sens, voies d'accès privilégiées des émotions. Original et exhaustif, il utilise les multiples vertus de l'art qui, si peu présent dans nos existences contemporaines, est pourtant un outil accessible et merveilleux pour ne jamais laisser ses émotions en friche.
 

Jacques Trémintin - Journal de L’Animation  ■ n°90 ■ juin 2008