De la polémique au dialogue : éduquer à la dispute

Que celles et ceux qui n’ont jamais fait preuve de mauvaise foi, de manipulation ou de parti pris dans une discussion lèvent le doigt. S’en défendre serait démontrer bien du cynisme. Car dans tout échange, c’est une pratique communément partagée … pour faire triompher son point-de-vue, pour ne pas perdre la face, pour contrer l’autre par tous les moyens … Est-ce possible d’agir autrement ? Ne vaut-il pas mieux être déloyal, avant qu’autrui ne le soit lui-même ? L’avantage ne penche-t-il pas toujours du côté des plus rusés, des plus sournois et des plus malhonnêtes ? Ce dossier plaide pour une réhabilitation d’un échange d’idées respectueux et constructif. L’Education populaire n’a nul besoin d’aller chercher très loin dans ses pratiques pour trouver les bons supports pour le favoriser.

Le débat contradictoire : source d’affrontement ou outil précieux ?

La duplicité qui parcourt trop souvent les conversations n’est-elle pas vieille comme l’humanité ? Mais la probité, son contraire, n’a pas été absente de notre longue histoire. Un petit retour en arrière permet de mesurer leur influence respective.

Accusations incendiaires, arguments manichéens, stigmatisations idéologiques, polarisations antagonistes, exhortations à choisir son camp … l’échange d’idées qui pourrait éclairer le débat et enrichir les protagonistes se réduit de plus en plus souvent, aujourd’hui, au clash, au buzz et à l’invective. Seule la polémique, l’altercation et la vile querelle semblent avoir dorénavant droit de cité. La politique en est une notable illustration. Mais les échauffourées mis en scène sur certaines chaînes d’information continue ne valent guère mieux. Notre époque a rajouté un media implacable en matière d’insultes, de diabolisation et de stigmatisation : les réseaux sociaux qui valorisent d’autant plus leurs participants que ces derniers se montrent implacables, intolérants et sectaires (le nombre de « likes » en dépendant). Ce qui, au passage, plaide pour la présence de l’animation dans ce monde virtuel, afin de contrebalancer les pratiques les plus agressives. La dérive est loin d’être nouvelle, Albert Camus l’affirmait déjà en 1948 : « nous étouffons parmi des gens qui pensent avoir absolument raison ». Si l’on remonte le fil de notre histoire, on trouve bien des épisodes marquant de telles manifestations dogmatiques, depuis les autodafés organisés par l’église catholique pour brûler en place publique les livres qu’elle avait interdits, jusqu’à la censure mise en place par tous les régimes totalitaires, en passant par la promotion d’une pensée unique excluant toute alternative à un modèle du vivre ensemble considéré comme indépassable, car prétendant répondre au bien-être de l’humanité. Sommes-nous condamnés à nous entre-déchirer, chacun se pensant dépositaire de la seule vérité qui vaille et vouant au bûcher toute opinion pas seulement contradictoire, mais aussi coupable de la moindre nuance ?  

 

La tradition de la controverse

Pourtant, cela fait bien longtemps qu’a émergé l’éloge de la réfutation. Remontons à 2400 ans avant le temps présent, avec le philosophe Socrate. Il dialoguait à partir de questions qu’il posait avec une fausse naïveté, pour pousser son interlocuteur dans ses propres retranchements. Son objectif ? L’amener à s'interroger sur ses opinions et ses croyances, non pour le faire changer d’avis, mais pour lui faire prendre conscience de ses limites, de ses fragilités et de ses failles. A partir du XIème siècle se déploie une tradition inaugurée par les rabbins et reprise à leur compte bien plus tard tant par la chrétienté que l’islam : l'exégèse biblique consistant à passer au crible de la réflexion critique et de l’interprétation les écrits fondateurs de ces religions. Rompant avec la lecture littérale et intégriste, le contradictoire promeut des commentaires qui peuvent s’avérer tout autant divergents que complémentaires. Au XIIIème siècle, se développe dans l’enseignement universitaire un exercice intitulé la « disputatio » sous la forme d’un dialogue opposant deux étudiants. A partir de la « questio » posée par le maître, le premier (l’« opponens ») formulait des objections, auquel le second « respondens » répondait, produisant ainsi un débat d'arguments et de contre-arguments.

A toutes les étapes de notre histoire, on constate donc l’existence de deux tendances : celle incitant à se murer dans ses certitudes et celle s’ouvrant à l’ensemble des possibles. Ces approches traversent les sociétés, les époques, les religions, les sciences, les individus et même chaque moment de notre existence. Convenons néanmoins que, spontanément, chacun(e) d’entre nous avons plus tendance à nous arc-bouter sur nos convictions qu’à nous montrer attentifs et bienveillants avec celles qui nous contredisent. D’où l’intérêt d’identifier ces biais de raisonnement et ces dérives que nous pratiquons toutes et tous, à un moment ou à un autre.

 

Le côté obscur de la toile

Les réseaux sociaux ont bouleversé le rapport de notre société à la communication, généralisant un lien horizontal, là où la relation verticale dominait jusqu’alors. Dorénavant, chaque citoyen peut transmettre l’information à ses pairs. On ne pourrait que se féliciter d’une telle progression spectaculaire de la démocratie, s’il n’y avait des effets pervers :  insultes, diffamations, humiliations à distance, l’anonymisation des échanges semblant protéger tous ces excès.


 

Les stratagèmes de la polémique

Ce sont des procédés courants utilisés pour invalider la thèse adverse. L’objectif n’est pas d’échanger des idées mais de piéger, n’est pas de convaincre mais de vaincre, n’est pas de débattre, mais de battre. Les nommer permet de les neutraliser.

L’un des procédés utilisés relève de la diversion. Il ne s’agit pas de contre-argumenter en présentant un raisonnement qui viendrait contrer celui de son interlocuteur, mais de l’invalider personnellement, de le culpabiliser ou de lui imputer les pires des intentions. Cela peut se concrétiser en se posant comme victime de son propos et en se prétendant offensé. Cela peut aussi prendre la forme, à l’inverse, d’accusations infâmantes le concernant, en faisant usage de jugements de valeur sur l’honnêteté de ses intentions ou en caricaturant ses propos poussés dans des extrêmes qu’il n’a jamais défendus. Cela se termine par le fameux point Goldwin qui consiste à imputer au discours adverse une quelconque complaisance à l’égard des pires abominations. Et de l’accuser de complicité avec le nazisme, le terrorisme ou la shoah. Sans rapport direct avec le fond du débat, ce comportement malveillant, blessant et brutal a surtout pour fonction de diaboliser l’autre et d’invalider son propos. Ce détournement a pour conséquence principale de s’éloigner du cœur du débat, n’apportant aucune plus-value, quant à la validité de la démonstration déroulée de part et d’autre.

D’autres procédés ont comme sources l’essentialisation, la généralisation ou l’élévation au rang de vérité révélée. Ainsi, partir d’un exemple isolé, pour lui attribuer une dimension qui s’imposerait à grande échelle. Ou encore prétendre naturaliser un point de vue, en l’inscrivant dans une tradition remontant à des périodes ancestrales, ce qui en fonderait la validité (« ça s’est toujours fait »). Il est aussi fréquent de s’appuyer sur une opinion largement partagée, un standard ou une norme auxquels tant de personnes se conforment, accusant dès lors autrui de vouloir avoir raison contre tout le monde. Mais, là aussi, tout argumentation qui s’appuie sur une adhésion majoritaire dans le temps et l’espace ou sur sa popularité n’a jamais été et ne sera jamais une preuve de vérité, ne permettant pas en elle-même d’emporter la conviction.

 

Le poids des sophismes

Nous véhiculons toutes et tous des raisonnements qui sont très répandus et banalisés, mais que la psychologie cognitive a réussi à identifier comme autant de biais de perception qui faussent l’évaluation et l'interprétation logique de la réalité à laquelle nous faisons face. Ils se glissent d’autant plus facilement dans les conversations qu’ils ne sont pas conscients. On peut en citer plus d’un, la liste en comportant trois cents facilement reconnaissables chez soi, comme chez les autres. Prenons ainsi l’exemple de la fréquente confusion entre une contingence et une causalité (biais de corrélation illusoire). Ainsi, pour expliquer la raison pour laquelle les parents ne se sont pas déplacés à la réunion de préparation d’un séjour, chaque animateur a son idée. L’un va invoquer le mauvais temps qui les a découragés de sortir, l’autre le déficit d’information, un troisième leur peu de motivation, un autre encore la faible attractivité du projet proposé. En réalité, personne ne peut avancer d’emblée d’explication fiable, seule une enquête auprès des familles permettant d’en connaître la raison. Mais tout le monde affiche sa certitude et ses convictions, par intuition ou par expérience. Et de réduire le problème à deux seules solutions (biais du faux dilemme), alors que plusieurs raisons peuvent s’entrecroiser. Et d’évoquer cette famille qui n’a jamais raté une réunion, pour démontrer la mauvaise préparation (biais de la preuve anecdotique). Ou encore d’en conclure que cette seule absence démontre qu’on s’y est mal pris (biais rétrospectif), alors qu’on ne peut qualifier une action à partir de ses seules conséquences, mais aussi de la qualité de son processus. Cela répondant surtout au besoin pressant de savoir, généré par la déception.

 

Le sophisme

C’est une argumentation ayant l’apparence de la rigueur, voire de l’évidence, mais qui ne respecte pas la logique. Ainsi : « beaucoup de jeunes traversent une crise d’adolescence. Je vais travailler avec des adolescents. Je vais donc faire face à la crise d’adolescence. » On retrouve là un énoncé lacunaire (tous les adolescents ne vivent pas cette crise) débouchant sur une généralisation abusive (je dois me préparer à en détecter les manifestations dans le public que je vais côtoyer).

Apprendre à débattre

L’Education nationale est la première institution de l’enfance portant la responsabilité d’une éducation à la dispute respectueuse et constructive. Mais l’Education populaire a aussi un rôle à jouer pour entraîner les jeunes publics aux bons réflexes.

Quelles pourraient être les conditions permettant à un échange d’idées de garder toute son honnêteté et d’éviter (autant que faire se peut) de piéger autrui et/ou d’être soi-même instrumentalisé ? D’abord identifier et nommer les sophismes, paralogies et biais cognitifs qui viennent d’être présentés et qui se glissent inévitablement de part et d’autre. Mais ensuite et surtout cultiver toute une série de postures : le respect réciproque de la prise de parole, la validation de la divergence, la disponibilité au débat, l’ouverture à de nouvelles perspectives, l’usage de la nuance, l’acceptation de l’incertitude, la valorisation du doute, la possibilité d’avoir tort, la reconnaissance du droit à l’erreur toujours possible, la reformulation de l’argument adverse pour savoir si on l’a bien compris. On peut trouver facilement au cœur de l’animation des supports susceptibles d’accueillir cette véritable « éducation au débat ». Les ateliers philos ou les « quoi de neuf », les « frasbee » (phrases lancées, comme un frisbee, aux membres d’un groupe qui sont invités à relancer le jeu, sous forme de réponses rapides) les débats entre adolescents, etc… ne sont pas des techniques nouvelles. Elles sont souvent pratiquées pour leurs capacités à ouvrir les participants à la curiosité, à l’esprit critique et à la tolérance, en mettant en évidence la diversité des opinions et la chance que représente le partage des arguments, chacun d’entre eux venant enrichir la compréhension d’une réalité. Il est possible de les utiliser pour renforcer les compétences au débat. Bien des applications sont possibles.

 

Bien des versions possibles

Il y a ce débat mouvant, déjà connu, qui fait évoluer dans une pièce les participants de part et d’autre d’un couloir du doute (pour ou contre), chacun changeant de place en fonction des arguments qui le convainquent ou non. Mais, on peut aussi imaginer d’autres jeux. Ainsi, de la réflexion menée avec un groupe sur dix arguments fallacieux (matérialisés sur des cartes confectionnées ou sur un grand panneau d’affichage), avant de lancer un débat. Plusieurs équipes peuvent être constituées. Chacune tente de susciter le plus d’assertions douteuses. L’équipe qui gagne est celle qui a montré, le plus de mauvaise foi possible. Stigmatiser, voire ridiculiser ainsi ces procédés polémiques permet aux participants de les identifier ensuite plus facilement dans la vie courante et de combattre leur rôle nocif.

Autre piste : à la manière de la technique du théâtre d’impro, un ou plusieurs membres de chaque équipe se retrouvent sur la scène centrale, après tirage au sort des consignes préétablies par le meneur de jeu. A la différence du jeu précédent, il s’agit d’argumenter sans jamais tomber dans les sophismes, là aussi expliqués et bien identifiés. Un arbitre repère les dérapages et les comptabilise. Gagne celui qui a le moins de points ! Mais la règle du jeu peut aussi être inversée, en comptabilisant les pratiques facilitatrices et les comportements proactifs favorisant la prise en compte des avis, positions, opinions d’autrui. L’écoute et la compréhension non déformée n’a pas pour fonction d’annuler toute tentative de réfutation, mais de fonder cette opération sur des bases saines et loyales.

Ce qui est proposé ici peut sembler naïf ou angélique, comme le sont la conviction de privilégier la parole sur le passage à l’acte violent, la tolérance sur le fanatisme, l’ouverture d’esprit sur le sectarisme. Les jeunes générations ne sont pas si fermées qu’on le prétend, parfois, à la qualité des débats d’idées au sein de notre société. Peut-être peut-on clore notre propos en citant la fameuse expression de Marc Twain : « tout le monde savait que c'était impossible à faire. Puis, un jour quelqu'un est arrivé, qui ne le savait pas, et il l'a fait. »

 

L’écoute dans le « cercle Samoan »

Le groupe est disposé en deux couronnes concentriques. La première occupe cinq chaises au centre, une sixième restant vide. Ses occupants seront seuls autorisés à débattre. Les membres du second cercle écoutent. A échéance régulière, n’importe lequel d’entre eux peut venir s’asseoir sur la chaise disponible, pour prendre la parole, entraînant le départ d’un participant du groupe central. Il libère sa chaise, rejoint la seconde couronne et doit seulement écouter.

 

 

à lire
Interview de Duchateau Dan - De la polémique au dialogue


Ressources

Six livres plaidant pour la dispute

« Petite philosophie des arguments fallacieux », Luc de Brabandère, Éd. Eyrolles, 2021
Une argumentation est vraisemblable et valide à condition que les concepts utilisés soient clairs et utiles, que les prémisses soient vraies et que la logique du raisonnement s’appuie sur des bases certaines. A l’inverse, les sophismes sont à l’argumentation ce que le mensonge est à l’affirmation, permettant d’aimer ce qu’ils approuvent au lieu d’approuver ce qu’ils aiment. S’y opposer nécessite de cultiver cette pensée critique qui se donne comme ambition de combattre les slogans, les stéréotypes, les lieux communs, mais aussi la superstition, la crédulité, le sectarisme, la confusion, le dogmatisme, le manichéisme, le simplisme, le prêt à penser, les vœux pieux. Il y a là un objectif indépassable : débusquer et se protéger des stratagèmes favorisant les idées toxiques. Quelle que soit la qualité d’un concept, il doit être confronté à autrui.

 

« Le courage de la nuance », Jean Birnbaum, Éd. Seuil, 2021
L’époque est à la polarisation idéologique et à l’argumentation manichéenne : chacun est sommé de rejoindre tel ou tel camp et de prouver de quel bord il est. De féroces prêcheurs préfèrent attiser les haines plutôt que d’éclairer les esprits, le combat se substituant au débat. Jean Birnbaum le proclame avec force : il n’y a pas plus radical que la nuance, plus courageux que la mesure et plus lucide que de saisir la réalité dans sa complexité. Aucune vérité ne doit être tue ou occultée, sous prétexte de ne pas faire le jeu de l’adversaire. Aucun argument honnête et intelligent ne doit être récusé, en raison de son utilisation par celui dont on ne partage pas l’opinion. Il n’est pas dégradant de reconnaître qu’un contradicteur peut avoir ponctuellement raison. La bêtise n’est en aucun cas réservée à un clan, étant constitutive de toute posture militante obtuse.

 

« De la gentillesse et du courage », Gianrico Carofligio, Éd. Les Arènes, 2021
Répondre par la violence à une thèse elle-même violente est contre-productif, n’aboutissant qu’à l’exacerbation stérile des échanges. La meilleure façon de réagir ? La gentillesse. Non en usant de civilité, de politesse ou de bonnes manières, mais bien plutôt en faisant preuve de souplesse et de flexibilité. Non pour se dérober au conflit, mais pour l’accepter et éviter d’en faire un moment destructeur, en y intégrant des règles. Non avec l’intention d’éliminer son contradicteur, mais de s’enrichir à son contact. Comment ? En utilisant des expressions exemptes d’ambiguïtés ; en s’en tenant à ce qui a été explicitement exposé ; en se plaçant en état d’attention, de disponibilité au débat et d’ouverture à de nouvelles perspectives. Habituons-nous à l’idée que nous passons une bonne partie de notre vie à avoir tort.

 

« Les conspirateurs du silence », Marylin Maeso, Éd. L’Observatoire, 2018
Les média et les réseaux sociaux nous offrent, depuis quelques années, le spectacle d’une lente et douloureuse métamorphose d’un débat qui se mue en polémique agressive. Ces altercations sont à l’échange d’idées ce que le parlement est au champ de bataille, la rhétorique à la tactique militaire et la maîtrise oratoire au tank. Les préjugés se substituent à la rencontre, le procès d’intention au travail exigeant de la pensée et la réaction viscérale à la réflexion. Pourtant, de telles postures ne constituent pas une fatalité. On peut faire le choix d’accueillir des opinions différentes et discordantes. C’est une richesse et une manière de se confronter à l’épreuve de l’altérité. C’est ouvrir une porte sur d’autres intériorités. C’est partager des arguments et accepter de se soumettre au débat contradictoire. C’est apprendre de l’hétérogénéité. 

 

« Doper son esprit critique », Emmanuel-Juste Duits, Éd Chronique Sociale, 2022
Penser contre soi-même est la condition d’une pensée et d’une action éclairées et informées, car cela permet de s’arracher à ses idées toutes faites, et aux opinions dont on a hérité de son milieu, sans les examiner de façon critique. C’est un mouvement de révolte intérieure, l’individu doit alors combattre sa pente naturelle : ordinairement, chacun va vers le confort intellectuel qui consiste à confirmer ses choix politiques, religieux, son mode de vie. Il ne cherche pas à les mettre en doute mais à les conforter par tous les moyens ! Sans mettre réellement à l’épreuve ses idées, comment savoir si elles sont vraies ? À rebours du climat de frilosité et de la fragmentation ambiante, il est urgent d’accélérer une prise de conscience résolument positive et pratique, articulée sur la mise en œuvre de nouveaux lieux d’échanges et de confrontations constructives et inspirantes.

 

« Manuel du travailleur social sceptique », Laurent Puech, Éd. Book-e-Book, 2022
Le sentiment de bienveillance qui imprègne les professionnels dans leur action est-il en phase avec la perception de bientraitance éprouvée par les personnes accompagnées ? Cette question, qui est rarement posée, est traitée avec habileté par Laurent Puech. S’appuyant sur la méthode zététique, il pose un postulat contre-intuitif : pour penser au mieux, mieux vaut penser contre soi. Loin de relever de l’autoflagellation, cette démarche se donne pour ambition de réduire les écarts entre les perceptions et les intuitions des professionnels et le réel de la situation qui se présente à eux. Cela passe par des postures qui cultivent la prudence, les précautions et la retenue : prendre la mesure de l’incertitude, favoriser l’expression d’alternatives possibles, vérifier la crédibilité d’une information et les compétences de son auteur.

 

 

Six vidéos

La nuance dans tous ses états
Jean Birnbaum, auteur de l‘essai « Le courage de la nuance » explique la genèse de l’écriture de son livre : rendre compte de la fraternité souterraine de tous ceux qui étouffent parmi celles et ceux qui sont persuadés avoir raison.
https://www.youtube.com/watch?v=o5fu8S1irZY

Se modérer sans modération
« Un propos nuancé donne l’impression de se fragiliser ». Les réseaux sociaux privilégient la radicalisation des positions. La prudence ne fait pas autant de buzz que la haine. Le clash est plus entendu que la nuance. Il est plus facile de haïr que d’y réfléchir. Étienne Klein, physicien et philosophe commente avec sagesse et … nuance.
https://www.youtube.com/watch?v=J-haYVS6dc4

Eloge de la dispute
L’art et la manière de s’approprier une argumentation adverse, pour mieux approfondir et comprendre les différentes positions. Cette technique initiée au moyen-âge est de retour… après avoir disparu sous le poids de la prétention individuelle à vouloir briller.
https://www.youtube.com/watch?v=mFCgEfHC9Hs&t=55s

Le débat mouvant
Comment organiser un débat, en le visualisant dans l’espace ? Soumettre une proposition à un groupe, puis demander aux participants de prendre physiquement position pour ou contre elle, en allant d'un côté ou de l'autre de la salle, puis les laisser changer de côté au gré de leur adhésion ou de leur opposition aux différents arguments proposés.
https://www.youtube.com/watch?v=BShj1VsNQ74&t=8s

La logique fallacieuse
Quels sont différents arguments fallacieux employés lors des débats, notamment les arguments faisant autorité, la pente glissante, les appels à la tradition, les attaques personnelles, les faux dilemmes et les arguments bidons.
https://www.youtube.com/watch?v=5SJ-5SFlWlo

Qu'est ce qu'un sophisme ?
Que sont-ils, d'où viennent-ils ? Il semble important de savoir ce qu'ils sont et savoir les reconnaitre, afin de ne pas se faire tromper lors d'un débat ou d'un discours. Savoir reconnaitre des faux arguments et éviter de les utiliser, afin de rendre le discours public et privé plus logique et moins sujet à interprétation.
https://www.youtube.com/watch?v=io6Mx7cMpt4