Accueil familial et gestion de l’autorité parentale
Bernard RUHAUD, L’Harmattan, 1997, 253 p.
Bernard Ruhaud est conseiller socio-éducatif au département de Charentes Maritimes. Il y organise la formation des assistantes maternelles. C’est à partir de cette expérience de terrain qu’il nous propose un éclairage fort intéressant sur la pratique du placement familial.
Après une présentation riche et succincte de l’autorité parentale et de la mesure judiciaire d’assistance éducative qui peut la limiter, il rappelle la dynamique historique de l’accueil familial. Conçue comme réponse à l’infernal taux de mortalité frappant les enfants reçus dans les hospices (jusqu’à 95% !), cette pratique a subi de profondes transformations : de 1910 à 1984, on est passé de 150.000 pupilles placés (orphelins ou abandonnés) à 14.400, de 1.800 Gardes Provisoires (sur décision de justice) à 58.500 et de 3.500 Recueillis Temporaires (confiés par les parents) à 77.700. Cette évolution notable est à relier à la réhabilitation des familles naturelles. Les méthodes et conduites ont évolué en conséquence : place de plus en plus importante laissée à l’intervention en milieu ouvert et travail effectif en cas de placement dans l’objectif du retour de l’enfant dans son milieu naturel. On ne se situe plus dans la substitution mais bien dans la suppléance. Pour analyser cette articulation, l’auteur utilise un concept fécond : celui de générativité. Il s’agit en fait de la capacité à prendre en charge l’éducation d’un enfant d’une manière qui soit conforme à ses besoins. Il applique cette notion à six sortes de variable : 1) les attitudes des parents envers l’assistante maternelle 2) les attitudes de l’assistante maternelle envers les parents 3) l’évolution des attitudes des parents en cours de mesure 4) l’attitude des services et conditions d’application de la mesure 5) l’accompagnement de l’assistante maternelle par le service et, enfin 6) le partage de l’enfant entre une attitude parentale sereine ou perturbée. Pour chacune de ces variables, un certain nombre de facteurs sont présentés comme potentiellement non-génératifs (confusion, méfiance, hostilité, comportements de substitution…), ou au contraire génératifs (telle la bienveillance, l’attitude supplétive …), ces derniers étant les plus susceptibles de favoriser à terme un retour dans la famille naturelle et donc au rétablissement de plein droit de l’autorité parentale. Pas moins de 17 vignettes cliniques sont présentées à l’aune de ces variables, illustrant un instrument d’évaluation original et pertinent.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°469 ■ 14/01/1999