Michèle LEPAGE-CHABRIAIS, L’Harmattan, 1996, 172 p.

« Manuel à l’usage des éducateurs »: le sous-titre bien présomptueux de cet ouvrage pourrait prêter à confusion. Il s’agit en fait d’une étude sociologique bien lourde qui enfile banalités sur poncifs. Qu’un « ingénieur sociologue, chercheur en action sociale » se penche sur notre métier a de quoi nous flatter. Mais qu’il lui faille 163 pages pour démontrer ce qu’un stagiaire-éducateur découvre au bout de quelques mois de pratique, merci du déplacement, mais ce n’était pas la peine !

Au départ, il y a quatre établissements: un I.M.P. de jeunes-filles, un I.M.Pro. de garçons, un foyer éducatif de garçons et un Institut spécialisé de jeunes-filles. Les anciens pensionnaires de ces structures ont été interviewés. Leurs déclarations longuement citées sur des dizaines de pages servent de matériau de base à l’affirmation d’un certain nombre de conclusions dont l’intérêt, la pertinence et l’innovation n’échapperont à personne:
-  pour que le placement soit profitable, il faut que le jeune y adhère (p.12)
-  il est fondamental de prendre le temps de parler avec le jeune quand il arrive (p.29)
-  « Un bon éducateur sait se faire respecter, il a de l’autorité sans être autoritaire, il a le sens de la mesure, aucune incartade n’échappe à son oeil vigilant, il sait sanctionner à propos, mais sait aussi faire preuve de souplesse » (p.66)
-  « le groupe apparaît comme un des outils fondamentaux de l’éducateur » (p.78
-  « l’élève qui ne se croyait plus capable de rien, n’osait plus rêver de diplômes et en obtient, se sent soudain revalorisé »(p.95)
-  « les loisirs peuvent constituer l’un des points d’ancrage forts d’une relation confiante et détendue avec les adultes » (p.102)
-  et en conclusion: les jeunes des établissements spécialisés sont marqués par « la brisure des liens familiaux », « la brisure des liens sociaux » et « la brisure de l’image de soi » (p.161-162).
Voilà ma foi, des concepts essentiels et surtout nouveaux qui vont changer notre quotidien et nous permettre de mieux exercer notre métier. Encore merci à Madame Lepage-Chabriais, de cet éclairage qui nous manquait tant !

 

Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°359 ■ 27/06/1996