Vérités plurielles. Confiés à l’aide sociale à l’enfance, quatre jeunes témoignent

CORON Guillaume, Ed. L’Harmattan, 2016, 97 p.

Il sont réguliers ces livres-témoignages de jeunes qui ne sont pas toujours très tendres avec les institutions et les éducateurs qu’ils ont côtoyés. S’il n’est pas question de remettre en cause leurs récits, celles et de ceux qui les rapportent exprimant là leur vérité, ce ne peut pour autant être la seule vérité qui dirait l’unique réalité des placements. Guillaume Coron, chef de service d’un foyer de l’enfance, a décidé d’initier un travail d’écriture avec quatre jeunes adultes, âgés de 20 à 22 ans, qu’il a connus dans l’exercice de ses fonctions. Stéphane n’a jamais accepté son admission en foyer. Il en a fugué maintes et maintes fois, jusqu’à faire céder le juge et les services sociaux qui ont fini par opter pour un suivi dans sa famille. Aujourd’hui, il se sent enfin libre : « Mon rêve est réussi : plus d’éducateurs et plus de justice derrière moi. C’est une victoire ! ». Sonia, rejetée par sa famille, vit son adolescence dans l’errance. Elle n’a jamais voulu suivre les conseils des éducateurs. Elle a néanmoins réussi à investir sa confiance dans certains d’entre eux qui accepteront son mode de vie et ses choix. Nounours a fréquenté les foyers, en sortant de psychiatrie, alors que seule une injection réussissait à apaiser ses crises de colère. Sa mise en appartement s’interrompit quand il fut incarcéré, pour cambriolage. Il mesure aujourd’hui les occasions ratées. David est quant à lui radical : certains foyers sont bien plus insécurisant que certains cadres familiaux. Mais, il le reconnaît : il est des rencontres avec des éducateurs qui peuvent changer des vies. Nuancés, francs et sans complaisance, voilà des témoignages qui rétablissent les placements dans toute leur complexité, sans tomber dans une vision par trop manichéenne.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1200 ■ 02/02/2017