Placé, déplacé. De familles d’accueil en foyers, le combat d’un enfant sacrifié

DUROUSSET Adrien,  Ed.  Michalon, 2016, 204 p.

L’auteur décrit ses parents comme inconscients et dépravés. Lui et son frère David finissent par être signalés et retirés de ce milieu toxique. Leur arrivée dans un lieu de vie d’urgence n’en est pas moins traumatisante. Puis, vient leur placement en famille d’accueil : un nouvel univers à découvrir, de nouveaux adultes à accepter, de nouvelles règles à adopter. Les visites en famille, tous les quinze jours, les confrontent aux mêmes dysfonctionnements, ne faisant que les déstabiliser encore plus, car leurs parents n’ont en rien changé. Au bout d’un an, retour dans le lieu de vie initial : la famille d’accueil déménageant en dehors de la région. Réorientation chez une nouvelle assistante familiale, aux règles éducatives strictes qui ne tarde pas à déraper en sévices corporels. Ses appels à l’aide restant vains, il entame une grève de la faim et va jusqu’à une tentative de suicide. Il finit pas être hospitalisé et obtient de ne pas retourner dans sa famille d’accueil tortionnaire. Il est placé en foyer d’adolescents. La suite sera moins noire, Adrien Durousset réussissant à s’en sortir, en poursuivant des études à la réussite desquelles personne ne croyait vraiment. Que retire-t-il de ce parcours chaotique ? Un profond sentiment de déshumanisation, la souffrance de n’avoir été que le numéro de dossier 404/0440, l’amertume d’avoir été réduit au seul statut d’enfant placé de la DDASS, la tristesse de n’avoir reçu d’aucun acteur de la protection de l’enfance cette affection et cette tendresse qu’attendent tous les enfants, la rage d’avoir été étiqueté comme ayant des difficultés relationnelles, sociales, scolaires, psychologiques. Sa revendication ? Que l’enfant placé ne soit plus une victime ou un coupable mais un sujet qu’on écoute, enfin.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1200 ■ 02/02/2017