La petite fille numéro 624
TER Colette et WILLIAME Didier, Ed. Quart Monde, 2016, 46 p.
Son père est décédé, quand sa mère était hospitalisée. Elle et ses douze frères et sœurs ont été emmenés par la DDASS. On leur a fait croire qu’ils allaient visiter un château. Quand ils ont voulu rentrer chez eux, le soir, ce n’était plus possible. C’était en 1965. Colette Ter avait quatre ans. L’enfer durera jusqu’à ses 16 ans. « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter çà ? », s’interroge l’enfant. Elle a connu le cachot quand elle faisait des bêtises et l’obligation de ré ingurgiter le vomi quand elle rendait son repas. En cas d’énurésie, les draps n’étaient pas changés. Quant à sa culotte souillée, elle devait faire le tour des dortoirs en la portant sur la tête. Les adultes avaient tous les droits sur les enfants : les insulter, les frapper, les appeler par leur numéro. Son passage en famille d’accueil aurait pu constituer une libération. Ce fut là aussi un cauchemar. Colette Ter a réussi à se reconstruire et malgré les épreuves endurées au début de sa vie adulte, elle s’en est sortie. Si elle témoigne ici, dans un récit plein de pudeur et de courage, ce n’est pas pour qu’on la plaigne, c’est pour que jamais plus personne ne vive ce qu’elle a vécu. Aujourd’hui, les actes décrits vaudraient à leurs auteurs des mises en examen. Mais, il est important de les dénoncer malgré tout, pour qu’on n’oublie pas les horreurs commises par des éducateurs, au nom de la protection de l’enfance.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1200 ■ 02/02/2017