Les séjours de rupture en questions
TRONTIN Thierry et ARCHAMBAULT Olivier (sous la direction), Éd. Erès, 2019, 375 p.
Ils ne sont pas plus de 1,5 à 2,5 % d’ados de la protection de l’enfance à, non seulement cumuler des situations traumatiques lourdes et des échecs à répétition, mais aussi à être en décrochage de liens avec les institutions.
Leurs débordements multiples et successifs ont incité les équipes à emprunter des chemins escarpés aux marges des règlements et des responsabilités formelles. S’inspirant d’un Deligny ou d’un Père Jaouen, de la psychothérapie institutionnelle ou de l’antipsychiatrie, elles ont fait le choix d’accompagner plutôt que de s’opposer à cette énergie vitale de l’échappement.
Se mettre à distance de ses routines destructrices, prendre du recul par rapport aux familles et réseaux pathogènes, s’éloigner des liens affectifs négatifs offrent à la fois de l’espace et du temps pour travailler sur soi et restaurer son estime personnelle, vivre des expériences positives et à développer des compétences sociales.
Si l’écoute réciproque et l’expression authentique partagée des émotions, l’implication mutuelle et la permanence éducative des adultes sont essentielles dans la réussite du projet, le jeune doit avant tout être partie prenante des prises de risque sortant de sa zone de sécurité. Reprendre sa vie en main : tel est le défi qui lui est lancé.
Remettre en ordre son chaos intérieur, amorcer une reconstruction personnelle, retrouver des ressources internes lui permettant de recréer un lien intersubjectif stable et constructif, combler ses failles narcissiques, investir sa pensée en contrôlant mieux ses ressentis, apprendre à évacuer son trop plein pulsionnel autrement que par le passage à l’acte … c’est bien les résultats attendus et obtenus à travers ces marches itinérantes, ces confrontations à la nature. Paris relevés et gagnés.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1266 ■ 04/02/2020