Récit de Younes Sidibé, recueilli par Michelle Van Hooland, Ed. L’Harmattan, 2012

Ils sont partis en séjour de rupture en Afrique, avec l’association Extra Balle. En rentrant, ils ont participé un travail biographique, mené par Michelle Van Hooland. Cette démarche se donnait pour ambition d’engager et d’accompagner ces adolescents dans un processus de résilience-personnalisation. Cinq séances auront été nécessaires, pour leur permettre de construire leur récit, cinq entretiens consacrés respectivement aux relations, à la communication, au temps, à l’espace et au projet tels qu’ils ont été transformés par le séjour. Sur les trois jeunes impliqués, un seul est allé jusqu’au bout, en acceptant que son écrit soit édité. Et c’est le résultat de ce travail d’écriture de Younes Sidibé qui fait l’objet d’une publication aux éditions L’Harmattan. Occasion pour cet adolescent de nous décrire son séjour, mais aussi de réaliser un retour sur lui-même : « faire un livre, c’est permettre de voir les transformations sur moi », explique-t-il. Le dépaysement, il l’a vécu à tous les niveaux : des moutons dans les rues, des repas pris par terre et avec les mains, l’absence de télévision dans le salon, des conditions d’hygiène bien différentes, une école vécue comme une chance et non comme une corvée… Si beaucoup venait le regarder de près, parce qu’il était le seul blanc dans sa communauté d’accueil, il n’a ressenti aucun racisme, ni rejet. Et puis, la magie de l’éloignement a produit ses effets : « j’ai changé de regard sur ma mère, sur mon état (…) je ne suis plus dans la haine ». Depuis son retour en France, le changement est radical : tout se passe bien dans sa famille d’accueil et à l’école. Younes s’est engagé dans un CAP Aide à la personne. Il a passé un BAFA, pour pouvoir faire de l’animation auprès de personnes âgées.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1091 ■ 31/01/2013