Les assistantes sociales à l’école
Pascale Garnier, Puf, 1997, 220 p.
L’intervention sociale apparaît au sein les écoles dans les années 1910 sous forme d’auxiliaires d’hygiène. Les assistantes sociales scolaires vont rester sous tutelle médicale jusqu’aux décennies 60-70. Elles sont à juste raison perçues comme une goutte d’eau. 2088 professionnels sont ainsi affectées à plusieurs établissements en même temps : une pour 2500 élèves ! Pourtant, la transformation des publics les a placées au cœur des problèmes de violence et d’échec scolaires. Elles se définissent clairement comme porte-parole des enfants et de leurs droits face aux adultes et aux institutions. Détentrices d’aucun pouvoir de sélection ou de sanction, liées au secret professionnel, ce sont pour les élèves des personnes-ressourceet des interlocutrices privilégiées à distance à la fois des familles et de l’institution. Mais leur position n’est pas assurée d’office. Leur crédibilité n’est pas un capital acquis mais un processus à entretenir en permanence. Ce n’est pas tant leur accessibilité qui compte que leur dynamisme et leur efficacité. S’il leur faut se faire une place c’est d’abord par rapport aux chefs d’établissement. Certains d’entre eux ne veulent rien savoir du social ou prétendent régler eux-mêmes les problèmes. Autres acteurs scolaires avec qui s’articuler, les enseignants qui ne situent pas toujours exactement le cadre de leur action. Au point de ne pas toujours leur faire appel face aux difficultés des élèves dont ils sont témoins. Elles doivent agir auprès d’eux pour les amener à relativiser leur point-de-vue, leur proposer quelques clefs de lecture sur les collégiens, lycéens et leur famille. En recontextualisant ainsi certains comportements scolaires, elles cherchent à rendre les élèves compréhensibles et les profs compréhensifs. Pascale Garnier nous propose une étude fort intéressante à partir de trois sites : l’Action Sociale en Faveur des Elèves de l’Education Nationale et deux Services Sociaux Scolaires originaux puisque relevant pour l’un du Conseil Général de Paris et pour l’autre de la municipalité de Nanterre. Particularité de ce dernier, une intervention non plus centrée uniquement sur tel groupe scolaire, mais largement ouverte sur le quartier avec une participation à sa vie : groupe de femmes, alphabétisation, réseaux d’échange et de savoir. Cet état des lieux est à la fois utile et pertinent, à l’heure où l’on parle tant de réformer l’école.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°429 ■ 12/02/1998