Méthodologie de l’intervention en travail social

DE ROBERTIS Cristina, Bayard, 2007, 399 p.

« C’est dans les vieux pots, qu’on fait les meilleures soupes » : voilà un proverbe qui sied fort bien à l’ouvrage de Cristina de Robertis. Ce livre de chevet de générations d’étudiants, constamment réédité, revu et complété pour la présente édition, a démontré à l’usage qu’il constitue une valeur sûre. L’auteur s’opposant à toute tentative de constituer une doctrine figée, replace le corps de connaissances constitutif de l’action professionnelle, dans une dynamique en perpétuelle évolution. Si le service social n’a jamais intégré l’une des disciples des sciences humaines ou en n’en a constitué une à part entière, c’est bien parce qu’il s’abreuve à toutes celles déjà existantes, de la psychologie à la sociologie, en passant par la philosophie ou l’ethnologie, sans oublier l’économie, le droit ou l’histoire. Cinq concepts le traversent de part en part, comme un fil rouge identifiable : la relation d’aide, la conviction dans la capacité de changement, l’utilisation de la dialectique contradictoire, l’interdépendance entre les individus et leur environnement et, enfin, le travail sur l’équilibre menacé et celui recherché. Autre caractéristique notable, l’action sociale a toujours été influencée, du fait de son ancienneté, par les époques qu’elle a traversées. Fonctionnant à sa naissance sur la logique de la charité et de l’apostolat, elle  s’est ensuite largement imprégnée du modèle médical (où il est question de « traitement » ou de « thérapie »), avant de privilégier dans sa période contemporaine l’intervention (on parlera alors de « changement » et de « stratégie ») et de se tourner vers cette évaluation tout particulièrement à la mode ces temps-ci (mesure d’efficience et d’efficacité). La méthodologie proposée par Cristina présente sept étapes classiques : la demande initiale (qu’il faut décrypter, en distinguant le désir du besoin), l’analyse de la situation (qu’il est important de globaliser), l’évaluation diagnostique (centrée sur la difficulté à résoudre), l’élaboration du projet d’intervention et de l’éventuel contrat (précisant les objectifs à atteindre et les engagements réciproques pour y accéder), la mise en œuvre de l’intervention (qui peut être directe auprès de l’usager ou indirecte auprès de partenaires), l’évaluation des résultats (qui permet de mesurer les acquis et les dérives, afin de réajuster ou de réorienter la suite de l’intervention) et, enfin, la clôture de l’intervention (dont la préparation et les modalités sont aussi importantes que tout ce qui a précédé). Intercesseur, négociateur ou dénonciateur, l’assistant social est à l’interface entre l’usager et la société. L’application de cette méthodologie, conclue l’auteur, reste imprégnée par l’éthique du professionnel et ses références personnelles quant au rôle qu’il souhaite jouer.

 

Jacques Trémintin -  LIEN SOCIAL ■ n°876 ■ 13/03/2008