Sous la direction de Serge LESOURD et Françoise PETITOT, Erès, 1994, 224 p.

Le conflit est une manifestation constante du travail social. Conflit avec les familles (au moment d'un signalement ou/et du placement), conflit avec les adolescents (qui recherchent cette relation, structurante pour eux), conflit entre institutions et services (ASE / PJJ, Internat / Milieu Ouvert, Juges / Professionnels...), conflit au sein des services (hiérarchie voulant justifier sa présence, direction autoritaire,..), conflit du professionnel avec lui-même (dans ce que lui renvoient de son histoire et de sa propre personnalité, les situations dont il a la charge). Si cela ne constitue pas l'essentiel du boulot, c'est néanmoins présent. Or, tout est fait pour nier cette dimension. Cela vient en grande partie de l'amalgame conflit-violence. On voit pour l'essentiel, l'aspect non pas constructif mais uniquement destructeur du conflit.

En fait, le véritable respect d'autrui, l'authentique unité solide, le vrai accord durable passent inévitablement par la lutte initiale, vecteur de socialisation et de structuration. C'est le conflit comme épreuve de justification qui permet la confrontation entre le moi tout-puissant et l'extériorité sociale, l'affrontement entre le réel donné et l'idéal rêvé. La relation d'aide doit donc intégrer cette économie du conflit dont la dynamique réside dans son dépassement (mais économie au sens gestion et non pas évitement !).

Cette brillante démonstration du sociologue Dominique Bondu mérite à elle seule le détour par cet ouvrage.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°301  ■ 06/04/1995