La place des parents en protection de l’enfance

GARCIA Enrique, Éd. L’Harmattan, 99 p.

Alors que la participation des personnes accompagnées est devenue le maitre mot des politiques publiques, réaffirmée pendant des décennies jusqu’à ce que la loi de 2002 oblige à la signature, dans le secteur social et médicosocial, du DIPC (document individuel de prise en charge), celle de 2007 en faisant de même, en protection de l’enfance, avec le PPE (projet pour l’enfant). Reste un paradoxe : comment des parents considérés par une décision de justice suffisamment dangereux pour justifier le placement peuvent-ils en même temps devenir les partenaires des professionnels ? Plusieurs réponses sont possibles. D’abord, considérer que l’intérêt de l’enfant et celui de ses parents sont intimement liés et que ces derniers doivent être positionnés en situation d’acteurs potentiels de leur propre changement. A l’inverse, l’autre posture consiste à faire de la protection des enfants par rapport aux dysfonctionnements de leurs parents la préoccupation première, ces derniers étant réduits à l’objet d’une intervention des professionnels destinée à provoquer des évolutions permettant la progression de leurs compétences. Le législateur n’a cessé de chercher un équilibre entre la place des uns et celle des autres, tantôt centrant le dispositif sur les parents, tantôt sur l’enfant. Le projet pour l’enfant qui ambitionnait d’atteindre cet équilibre apparaît aujourd’hui comme une ambition dévoyée. Instituant l’implication des parents comme l’un des axes principaux de la protection de l’enfance, elle est conditionnée de fait par une adhésion à l’égard du placement et à une conformation aux objectifs éducatifs institutionnels, à l’exception de tout désaccord, opposition ou conflit. Ce qui revient à une participation prescrite, oxymore très éloigné de l’esprit du partenariat voulu.