Mon doux foyer

ANGELE-DINIZ David, Éd. BoD, 218 p.

Les deux ans de suivi éducatif à domicile n’auront pas suffi. Le logement est toujours aussi insalubre. La famille vit dans un gourbi envahi par la saleté et le manque d’hygiène, le désordre et les cafards. Bien sûr que les cinq enfants sont attachés à leurs parents. Mais avec une mère assommée par les dépresseurs et anxiolytiques et un père accaparé par son travail, la fratrie finit par être placée. Le récit que nous en fait l’auteur est toutefois paradoxal. Il nous décrit l’intensité de la souffrance qu’il a ressentie d’être ainsi éloigné au quotidien de sa famille, l’injustice vécue face à ce placement, l’attente impatiente du samedi midi moment tant attendu du séjour de week-end à la maison, l’angoisse du dimanche soir symbole de retour au foyer. Mais aussi le despotisme et la violence tant verbale que physique de « Jass », le directeur de l’unité de vie du Raincy où il va vivre presque six années. Ce dernier sera d’ailleurs licencié bien plus tard pour ces excès. Et pourtant, « lorsque je jette un coup d’œil dans le rétroviseur, c’est un grand sourire qui se pointe sur mes lèvres » (p. 122). Et de rapporter ces séjours bruyants et chaleureux, mais paradisiaques dans un grand chalet à la montagne ; le cadre structurant du foyer garantissant un rythme de vie régulier ; les résultats scolaires obtenus grâce à ses efforts sous la vigilance des éducateurs. Ses retours hebdomadaires au domicile familial, il les commençait en sortant chiffons, balais et serpillères. Ce qui ne change pas son objectif principal qui est bien de retrouver sa famille. Quant à sa majorité, il y retourne, il mesure combien la vie et les règles du foyer qu’il a quittées lui manquent cruellement. Cette ambivalence est au cœur d’un écartèlement entre la raison et les émotions qui est loin d’être anecdotique en protection de l’enfance.