Les oubliés de l’enfance

BLONZEL Marcia, Éd. Sydney Laurent, 2022, 174 p.

Il est des livres qui fonctionnent comme un marqueur de la mémoire que l’on pourrait sous-titrer « n’oubliez jamais ». Le récit de vie de Marcia Blonzel en fait partie. Son enfance nous rappelle le passé bien peu glorieux de la protection de l’enfance. Mais commençons par le début. Sa mère ? Ni affectueuse, ni maternelle, l’auteure s’interroge encore pour savoir si elle avait toute sa tête. Son père ? Elle le décrit comme un monstre violent, agressif et colérique faisant régner la terreur et dont la moindre contrariété provoquait des crises de démence. Il lui faudra attendre ses 8 ans pour qu’enfin la DDASS de l’époque intervienne pour la retirer avec ses trois frères et sœurs. On aurait pu s’attendre à ce que sa vie change. Mais la famille nourricière chez qui elle est placée ne lui procurera ni tendresse, ni douceur, ni accueil chaleureux. La mégère qui règne sur les lieux s’avère d’une grande méchanceté, usant des pires violences pour se faire obéir. Commence alors un long calvaire au cours duquel elle est affectée au jardin, aux champs, aux foins l’été, au ménage et doit s’occuper des animaux de la ferme qui se montraient finalement les plus affectueux. Ses seuls moments de bonheur ? L’école qu’elle investit et la colonie du mois d’été organisée par la DDASS au cours duquel les jeux, les chants et les feux de camp viennent remplacer les corvées du quotidien chez sa Thénardière. C’est son entrée en internat scolaire qui lui offre l’opportunité d’échapper à cet enfer, en liant de vraies amitiés et en lui permettant de réussir ses études. Elle arrive à dépasser les épreuves endurées, en fondant une famille et en suivant une carrière professionnelle. Aujourd’hui retraitée, elle agit comme bénévole au sein de l’ADEPAPE 91. Son témoignage rappelle des dérives qui ne doivent plus jamais être tolérées.