Placements abusifs d’enfants
CERRADA Christine, Éd. Michalon, 2023, 240 p.
Christine Cerrada est une excellente avocate. Elle le prouve à travers les dix plaidoiries qu’elle nous propose ici. On ne demande pas à une professionnelle du barreau d’être dans la nuance, la complexité ou la prudence. Cela tombe bien : l’auteure ne l’est pas vraiment. Elle démontre au contraire sa parfaite maîtrise des codes de cet art rhétorique qui permet de présenter une réalité sous un jour favorable à ses clients : des familles se plaignant de placements abusifs. On ne peut qu’admirer sa faconde : elle flamboie, virevoltant avec dextérité, sachant habilement stigmatiser les services sociaux, les magistrats et les parties adverses pour mieux démontrer la légitimité des causes qu’elle défend. Si les amateurs de plaidoyers y trouveront leur compte, l’éloquence utilisé se heurte à un écueil : être placé en situation de jury n’ayant comme seuls éléments de compréhension que l’argumentation de la défense ! La confusion entre l’argumentation documentée et une scène de prétoire est à son comble, quand l’auteure accuse tout le système de protection de l’enfance d’être prisonnier d’un dysfonctionnement systémique fondé sur le seul appât du gain, n’étant intéressé que par la rente de situation que représentent les huit milliards de son budget annuel. La nécessaire dénonciation des dérives en protection de l’enfance mérite mieux que cette condamnation, sans aucune distanciation, qui décrédibilise la démonstration portant sur les affaires exposées. Là où Christine Cerrada se montre quand même un peu plus pertinente, c’est dans les propositions de réforme du droit qu’elle avance dans les dernières pages.