Les médiations, la médiation

Jean-Pierre BONAFE-SCHMIDT, Jocelyne DAHAN, Jacques SALZER, Marianne SOUQUET, Jean-Pierre VOUCHE, érès, 1999, 302 p.

Alors que les média sont très diserts sur la violence, ils sont bien plus discrets sur la gestion des conflits que constituent les médiations qui s’affirment petit à petit autant comme technique de résolution des antagonismes que comme conception nouvelle des relations humaines. Ces pratiques, très récentes, visent toutes à favoriser chez les différentes parties en confrontation la réappropriation d’un degré suffisant de communication leur permettant de trouver les solutions qui conviennent à chacun. Dans cette vision, le médiateur n’a aucun pouvoir. Il s’identifie plutôt à un accompagnateur, un facilitateur, à un coordinateur des échanges, un interprète, un informateur, à un organisateur de rencontres, un accoucheur de solutions ou encore à un catalyseur de la créativité que chacun possède en lui. L’ouvrage collectif qui est présenté ici propose un tour d’horizon tout a fait passionnant qui donne à voir les multiples applications dont cette approche a pu accoucher. On évoque bien sûr cette médiation familiale qui s’est d’abord intéressée au domaine du divorce et de la séparation, pour ensuite s’étendre à bien d’autres domaines tels celui de l’intergénérationnel (entre les grands-parents et leurs enfants ou petits-enfants), de la succession (entre frères et sœurs ou toutes personnes concernées à l’issue du décès d’un parent), mais aussi celui de la protection de l’enfance (notamment entre famille d’accueil et famille naturelle). C’est aussi le cas des médiations pénales qui ont été conçues en grande partie pour désengorger une institution judiciaire qui a reçu en 1997, 5.185.495 plaintes pour crimes, délits et contraventions dont 4.114.672 ont été classés sans suite. La médiation sociale quant à elle s’est fixée pour dessein de favoriser le rétablissement de la paix sociale dans des quartiers en difficulté, et ce en cherchant à régler ces conflits du quotidien (familiaux, de voisinage ou interethnique) qui contribuent à la désagrégation du tissu social. On n’oubliera pas les médiations au sein des organisations, intervenant tant dans les relations de travail que dans les rapports entre les consommateurs et les fournisseurs de produits et de prestations, dans le cadre de la préparation des grands projets, ou encore entre la presse et ses lecteurs etc ... Petit dernier de la famille, celui né à l’initiative de l’Education nationale : la médiation en milieu scolaire. L’ensemble de ces techniques ne constituent pas un tout relié par une approche strictement identique. Ce qui parcourt plutôt les unes les autres c’est bien une même éthique qui s‘appuie sur des notions de neutralité, d’impartialité, de confidentialité et de compétence. Ne s’improvise pas médiateur qui veut. Une formation est nécessaire pour acquérir les modes d’intervention adéquats. Ce qui explique peut-être pourquoi 93 % des médiateurs familiaux sont issus des professions sociales et qui interroge sur les 15.000 emplois jeunes propulsés « médiateurs sociaux » sans aucune préparation préalable ...

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°553 ■ 23/11/2000