Les mutations du travail social - Dynamiques d’un champ professionnel

Sous la direction de Jean-Noël CHOPART, Dunod, 2000, 303 p.

Chacun est prêt à en convenir : le travail social est en pleine mutation : « la multiplication des partenaires, les stratégies différentiées des employeurs, les évolutions des pratiques  et des modalités de l’action sociale, l’obsolescence rapide des catégories traditionnelles utilisées pour décrire le champ professionnel conduisant à un constat : plus personne ne sait très bien qui est qui, et qui fait quoi » (p.4) C’est pour y voir un peu plus clair qu’un programme de recherche mobilisant sept équipes de sociologues et financé par huit institutions a été élaboré et poursuivi pendant quatre années. L’ouvrage présenté ici rend compte de ce travail. Certaines contributions sont tout intéressantes et apportent un véritable éclairage. D’autres apparaissent plutôt simplificatrices : loin de donner toute la mesure à la complexité de la problématique, elles rajoutent encore à la confusion. L’état des lieux est clairement dressé. Le travail social s’est tout d’abord structuré à partir des diplômes des professions historiques d’assistant de service social (1938), d’éducateur spécialisé (1967), de délégué à la tutelle, de conseillère en économie sociale et familiale et d’éducateur technique spécialisé (1069), de moniteur éducateur (1971), d’aide médico psychologique (1971),  de jardinière d’enfants -futur éducateur de jeunes enfants- (1973), d’animateur (1979). Ces professions sont reconnues à partir d’une logique de qualification acquise suite à une formation débouchant sur un examen. Depuis une vingtaine d’années l’espace professionnel s’est considérablement accru, au point que sur 493 situations étudiées par le programme de recherche, pas moins de 210 appellations différentes ont été identifiées. Mais là, ce qui apparaît dominant, c’est bien plus la logique de compétence : l’aptitude à faire face aux populations en difficultés certifiées par un itinéraire et une trajectoire personnelle. De cette réalité émerge la polémique : le travail social historique serait-il une forteresse menacée de fragmentation comme prétendent les uns ou est-il engagé dans une recomposition qui, au-delà de risques de frictions, fait place à la combinaison et au compromis comme rétorquent les autres. Le débat n’est pas tranché par les travaux présentés ici. Il est, plutôt, mis en perspective. Des typologies sont présentées par aires d’intervention  (contact avec le public,  résolution du cas des usagers, organisation, encadrement et direction...) ou par familles de métier (aide à domicile,  accueil et instruction de dossiers, accueil à domicile,  animation et développement local ...), sans toutefois toujours éviter une certaine confusion dans la répartition des compétences. L’ouvrage explore en outre certains sous-secteurs, du fait de leur logique de développement particulier : métiers de l’accueil, ceux du handicap, du domicile ... Des analyses problématiques sont croisées. Au final un ouvrage inégal avec certaines pages tout à fait passionnantes et d’autres un peu plus bavardes.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°570 ■ 29/03/2001