Précis de philosophie à l’usage des travailleurs sociaux

Robert SILVESTRE et Joël DEFONTAINE, les éditions d’Organisation (1, rue Thénard 75240 Paris cedex 05), 1996, 236 p.

Un célèbre propos de Karl Marx explique: « les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières- ce qui importe, c’est de le transformer » (« L’idéologie allemande »).

Voilà un ouvrage qui nous est directement adressé à nous travailleurs sociaux. Je l’ai donc ouvert non avec pour objectif d’y trouver une vérité, mais d’essayer d’y chercher quelque éclairage. Et c’est vrai qu’après des années passées dans une ambiance de « crise des valeurs » et autres « crise du social », un tel ouvrage ne pouvait qu’être salutaire. J’ai patiemment et attentivement lu les 228 pages, remarquablement bien présentées et fort bien écrites. Les propos se fondent sur des auteurs des plus recommandables de notre panthéon philosophique: Aristote, Platon, Hobbes, Kant, Montesquieu, Descartes, Hegel, Nietsche, Hobbes, Marx, Tocqueville, Freud, Sartre ... Les thèmes abordés sont au coeur de la problématique sociale: la citoyenneté, le contrôle social, la morale, le travail, l’exclusion, la pauvreté, la vieillesse, l’échange ... Mais à l’arrivée, je dois avouer ma déception: on ne fait que survoler ces penseurs et malgré toute la bonne volonté des auteurs, on n’arrive pas à accrocher la logique philosophique avec notre problématique contemporaine. Cela n’empêche pas l’ouvrage d’être d’une lecture agréable et utile qui intéressera tout esprit curieux. Mais cela dépasse difficilement ces « humanités » qui truffaient les ouvrages savants du XIX ème siècle ou un de ces recueils de préparation au baccalauréat. Reste encore à écrire le livre qui saura mettre en perspective les questions de notre époque avec les théories ou projections philosophiques que d’aucun ont pu il y a 2.000 ans ou il y a 20 ans apporter comme autant de précieuses contributions à la compréhension du monde et de l’être humain. Peut-être pourra-t-on chercher un tel document du côté de l’essai de Dominique Méda « Le travail. Une valeur en voie de disparition »

 

Jacques Trémintin –LIEN SOCIAL ■ n°369  ■ 17/10/1996