La relation d'aide

Sous la direction d'Alain GOUHIER, Presse Universitaire de Nancy. 1993, 252 p.

Les actes de ce colloque tenu en 1992 par l'IFRAS devraient intéresser au premier chef tout travailleur social.

Universitaires, psy... (...chiatres, ...cha-nalystes, ...chologues, ...cho-thérapeutes), formateurs, rééducateurs, travailleurs sociaux s'y sont tous colles pour tenter d'y voir un peu plus clair et surtout d'apporter un minimum de recul sur ce qui est au cœur de notre pratique quotidienne et qu'on n'interroge peut-être pas suffisamment. De nombreux domaines servent d'illustration ; la thérapie psychologique bien sûr, mais cela va aussi de l'écoute des malades déprimés jusqu'à l'accompagnement des mourants en passant par les réseaux d'échange de savoir, la rééducation scolaire, l'aide dans le cadre du RMI ou encore dans les situations limites voire face à un client non demandeur... Quand je vous disais qu'on avait beaucoup d'articles au catalogue ! Face à la richesse d'un tel contenu, il est difficile de faire un choix pour un compte-rendu.

Retenons 3 axes qui se trouvant formulés parfois de façon différente, n'en restent pas moins comme un fil conducteur tout au long de l'ouvrage.

La première question essentielle, c'est bien celle de la nature même de cette relation d'aide : peut-on aider sans aliéner ? Existe-t-il une relation d'aide sans éthique du sevrage ? Marcel Mauss a défini, il y a longtemps déjà, les deux obligations à la base de toute société d'échange : la nécessite de donner, mais aussi de recevoir. Le don non rendu rend inférieur celui qui l'accepte surtout quand il est reçu sans esprit de retour. Donner, c'est manifester sa supériorité. Accepter sans rendre, c'est se subordonner, devenir débiteur. L'aide peut donc s'identifier tout  autant à  un geste d'amour qu'à une volonté d'humiliation, d'abaissement ou de domination. D'où l'importance de la réciprocité de la relation qui doit être conçue alors comme un échange et un partage et non comme un rapport donneur/receveur.

Les techniques de base de la relation d'aide quels que soient leurs initiateurs (Rogers ou autre) font appel aux mêmes ressorts. Il s'agit de se connaître soi-même et d'agir dans la congruence (authenticité) par rapport à l'autre. Il est indispensable de chasser tout jugement de valeur et de porter un regard positif inconditionnel sur la personne. Il y a aussi cette empathie qui permet de ressentir et comprendre l'autre au travers de  ses  propos,  mais  aussi  de  ses mimiques, habitudes, gestes, sanglots ou silences. C'est ainsi qu'en renforçant et positivant l'usager, on lui permettra de rompre avec sa passivité, son immobilisme ou sa résignation.

Enfin, dernière dominante qui ressort de cet ensemble de contributions, c'est bien la nécessité absolue de dépasser la plainte pour entendre la personne qui souffre : la difficulté est un symptôme, un mode de communication, un message qu'il faut essayer de décoder.

C'est justement cette technicité qui rend indispensable l'intervention des professionnels.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°300  ■ 30/03/1995