Psychologues au risque des institutions - Les enjeux d’un métier

Claude NAVELET, Brigitte GUERIN-CARNELLE, Editions Frison-Roche, 1997, 206 p.

Si la psychologie est une discipline déjà ancienne, la profession telle que nous la connaissons ne s’est structurée que depuis quelques décennies. Toutes les institutions leur font appel : école, entreprise, hôpital, sans oublier celles qui reçoivent les personnes handicapées ou en difficulté sociale. Mais leurs modalités d’intervention se font d’une manière désordonnée tant les statuts et autorités de tutelle sont multiples,  les compétences et responsabilités intriquées. Les auteurs ont interrogé 14 professionnels de terrain en les soumettant à un questionnaire sur l’exercice de leur métier, la connaissance et le respect des lois et de la déontologie dans les institutions. Les réponses obtenues sont largement citées dans l’ouvrage (ce qui lui vaut parfois quelques longueurs). De cette consultation, il ressort d’emblée les problèmes de la définition du travail et de l’ampleur des abus de pouvoir couverts à tous les niveaux de la hiérarchie et s’opposant directement au souci de l’acte professionnel éthique. Autre remarque, l’inadéquation d’une formation universitaire inapte à préparer à l’exercice de la fonction en l’absence de tout stage qualifiant. Les auteurs mettent l’accent sur la nécessaire distinction entre le psychologue institutionnel qui assure un travail de bilan et d’orientation, d’accompagnement, de réunion et d’écriture et le psychothérapeute qui lui est tenu au secret professionnel, ne peut intervenir dans les décisions de la vie quotidienne et garantit à son patient le libre choix de son thérapeute. Les deux fonctions peuvent cohabiter mais en aucun cas fusionner. Est-ce toujours bien le cas ? Il s’agit aussi de différencier le travail au sein de l’institution et celui de l’analyse de pratiques qui ne peut être réalisé honnêtement qu’en dehors de toute obligation hiérarchique ou de service.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°446 ■ 18/06/1998