Les défis de la travailleuse familiale: entre travail social et service de proximité

Bernadette BONAMY, érès, 1997, 208 p.

Le métier de travailleuse familiale est aussi ancien que celui d’assistante sociale. Les premiers services à domicile datent en effet de 1865 et sont le fait de religieuses. Pendant très longtemps, cette activité restera imprégnée par les notions de dévouement, de bénévolat et de vocation, jusqu’à sa reconnaissance officielle par le ministère de la santé et de la population en 1949.  Le processus de professionnalisation passe par la formation : 1, 3, 5 et enfin 8 mois débouchant sur un certificat d’aptitude. Petit à petit, la profession se dote d’un savoir-faire, d’un code de déontologie et d’un corps de connaissance qui s’inspire des meilleures sources du travail social : implication de l’usager, empathie et non-jugement, perception de l’individu dans sa dynamique et son interdépendance avec son environnement, etc…

 Le domaine de l’aide à domicile recouvre aujourd’hui trois champs bien distincts : celui de la vie quotidienne occupé part les aides ménagères, celui de la santé couvert par les infirmièr(e)s et aide-soignant(e)s et celui du socio-éducatif qui place d’emblée les travailleuses familiales dans le domaine du travail social. Progressivement, les tâches ménagères n’ont plus été chez ces dernières une fin en soi, mais un support à l’action éducative. A la simple suppléance de la mère de famille sont venus se rajouter l’écoute, le soutien, la médiation et l’accompagnement basés sur la pédagogie du “ faire avec ” : agir par démonstration, familiarisation, négociation et explication en reliant le geste à la parole. Cette évolution vers le travail social a toutefois longtemps été freinée par la confusion entre les responsabilités des professionnels et le rôle des bénévoles qui sont encore très nombreux à animer les associations qui gèrent 95% des 8300 travailleuses familiales.

Bernadette Bonamy, ancienne responsable de formation des personnels d’aide à domicile nous propose un ouvrage passionnant qui synthétise et problématise la destinée de la profession de travailleuse familiale en développant longuement une démarche méthodologique partant du traitement  de la demande, de l’analyse      de la situation pour arriver à la détermination du projet d’intervention, sa réalisation et enfin sa clôture. Considérées pendant longtemps comme les “ petites mains ” du social, les travailleuses familiales doivent prendre toute leur place dans une galaxie en pleine mutation où leur intervention est précieuse et essentielle.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL  ■ n°458  ■ 15/10/1998