Histoire du travail social en France. De la fin du XIXème siècle à nos jours

PASCAL Henri, Ed. EHESP, 2014, 317 p.

Le travail social trouve ses origines dans l’affaiblissement des œuvres charitables et philanthropiques héritées du XIXème siècle et l’émergence du cadre législatif et institutionnel dont se dote progressivement la troisième République. Henri Pascal nous en fait une description historique passionnante, restituant les forces en présence et les orientations qui vont se succéder, tout au long des décennies. Les premières travailleuses sociales vont progressivement se distinguer des dames patronnesses, et encore plus lentement s’émanciper du catholicisme social. C’est le métier d’assistante sociale qui se crée le premier, fusionnant en 1938 avec les infirmières visiteuses. Il connaît, sous l’occupation, une croissance inattendue, voyant des services se créer en milieu rural, hospitalier, dans l’armée ou le monde du travail. Durant cette période, les professionnelles adoptent toutes les postures possibles, depuis la stricte application des règlements à l’entrée dans la clandestinité au sein de mouvements de résistance, en passant par l’aide aux personnes persécutées. Les écoles au nombre de six en 1913, sont soixante quatre en 1946. La préhistoire du métier d’éducateur spécialisé naît avec la loi de 1936 décidant d’introduire des instituteurs au sein des maisons de redressement. Mais, c’est la période de Vichy qui, là aussi, constitue un formidable facteur d’expansion. La professionnalisation s’étend à l’ensemble du champ de l’action sociale. Mais mis à part les travailleuses familiales qui obtiennent leur reconnaissance par un diplôme d’Etat en 1949, il faudra attendre vingt ans pour que les autres catégories professionnelles en bénéficient à leur tour. L’évolution contemporaine est marquée par le passage de gestion des flux à la gestion des stocks et à la persistance de l’exclusion plus qu’à l’insertion, contribuant à une situation de crise.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1164 ■ 28/05/2015