Violences, risques psychosociaux et travail social

MAQUET Ludwig, Ed. Le social en fabrique, 2018, 105 p.

La violence peut surgir au coeur du travail social du fait des usagers, des professionnels, de la prise en charge, mais aussi de l’institution elle-même. Elle semble d’abord inhérente à la population rencontrée, marquée par une accumulation d’échecs, une absence de limites, une intolérance à la frustration, voire par des troubles psychiatriques. Viennent, ensuite, certains comportements de certains intervenants pouvant adopter des postures arbitraires, donner des réponses inadaptées ou se perdre dans l’illusion de la maîtrise absolu à l’égard des personnes accueillies, dérives qu’aggravent les risques psychosociaux induits par le burn-out, le stress ou les tensions au travail. Mais, c’est aussi le cadre des missions qui est potentiellement violent : usagers soumis au règne du normatif, placements répétitifs, règlements rigides. Quant à l’institution, si l’on excepte celles où règnent l’anomie ou la négligence, les rapports de domination ou l’arbitraire, on doit aussi dénoncer cette montée de l’idéologie gestionnaire qui impose à l’humain d’être avant tout une ressource au service de la rentabilité. La soumission des professionnels à une efficience obéissant aux critères du marché ne peut que se traduire par une déshumanisation de la relation et une montée de l’agressivité. Pour autant, la violence constitue une notion polysémique, multiple et plurielle dont la relativité justifie une appréhension multidimensionnelle. C’est ce que nous propose Ludwig Maquet, à  travers un érudit tour d’horizon qui s’abreuve aux sources tant de la neurophysiologie, de l’éthologie, de l’anthropologie et de la sociologie fonctionnaliste ou marxiste, que de la psychologie sociale, systémique ou clinique. De quoi entrer dans la pensée complexe pour savoir comment mieux (ré)agir.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1242 ■ 10/01/2019