De l’insertion à l’exclusion. Les cas des CHRS
FLEURY-GORKOWSKI Claire, Ed. L’Harmattan, 2019, 179 p.
Comment réussir à comprendre qu’une structure dédiée à la lutte contre l’exclusion la pratique elle-même ? L’auteure s’y essaie avec pertinence. Les centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) ont pour fonction l’accueil, le soutien et l’accompagnement d’adultes sans logement, avec ou sans ressources, présentant des difficultés d’adaptation à la vie active et d’insertion sociale et professionnelle. Le fondement de l’action menée est donc de leur permettre d’accéder dans les meilleurs délais à un logement et un travail de droit commun. Mais l’injonction paradoxale à laquelle ils sont soumis, c’est à la fois de se montrer le plus autonomes possible, tout en se soumettant au dispositif proposé. Or, l’errance produit un état psychique bardé de mécanismes de défense qui amènent souvent à fuir une relation d’aide jugée plus ou moins menaçante. Nombre de professionnels se sentent impuissants et démunis face à l’échec de leur action, dû au manque d’adhésion minimale attendue. Mais loin de remettre en cause leur pratique, les travailleurs sociaux sont prompts à incriminer la responsabilité personnelle des personnes accompagnées accusées soit de ne pas respecter le contrat de séjour, d’abandonner le lieu d’hébergement ou encore de manquer de façon grave et répétée au règlement de fonctionnement. Ce qui revient à répondre en miroir aux problématiques de l’exclusion.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1261 ■ 12/11/2019