Quel temps fait-il dehors ?
Ahmed Kalouaz, édition Paroles d’aube (2 rue du château 69200 Vénissieux) 1997, 106 p.
Quand les intervenants psycho-sociaux s’essayent à la fiction (roman, policier ou nouvelles), cela donne des résultats pour le moins honorable et pour certains tout à fait intéressant.
Ahmed Kalouaz nous propose un recueil de 21 nouvelles. Ce colporteur de mots nous entraîne au rythme de son imaginaire et de ce que lui inspire la vie. Il observe, s’imprègne d’une atmosphère, d’une ambiance et en fait des petites histoires. Comment donner envie au lecteur de se plonger dans ces récits sinon en en présentant des extraits choisis qui inciteront peut-être à connaître la suite…
“ Maman lisait les lignes de la main à la baraque de foire (…) Je me souviens d’un homme ayant eu les deux mains arrachées par la guerre, qui tendait ses moignons pour connaître la suite de sa triste vie. ” ( Quel temps fait-il dehors ?) “ En avril, une poignée d’algues au pied de l’escalier. Ensuite des coups de vent violents chargés d’embruns, dont les murs du salon portent encore la trace.” (Balise Argos).
“ Angélique dit encore : ’’j’ai arrêté le tranx et le rypnol depuis huit jours. Ils veulent nous rendre fous, je les connais. Après, quand tu sors, tu es une loque. A coup de couteau, je les planterai en sortant. A coup de couteau. ” (Angélique)
“ Elle voulait que je vienne animer une rencontre autour de la guerre d’Algérie, car j’avais fait quelques reportages et un livre de photos avant que cela ne devienne impossible pour mes yeux verts et mes cheveux blonds. ” (Gallito Ciego)
“ Le cœur a tenu le temps que j’assomme un armurier. Il disait qu’il m’avait déjà vu quelque part. Même si avec mes yeux cernés et ma barbe naissante je ne ressemblais que de loin au footballeur qu’il croyait reconnaître. Quand il s’est retourné pour décrocher une carabine, sa tête s’est brisée contre les montants en chêne du présentoir. J’ai raflé l’arme de poing dont j’avais besoin et les munitions. Après l’effort, la douleur est revenue dans la poitrine. ” (Baie des anges).
Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°467 ■ 17/12/1998