Le gosse

OLMI Véronique, Éd. Albin Michel, 2022, 295 p.

Il faut lire ce roman stupéfiant. Il faut le lire pour prendre la mesure des changements de la protection de l’enfance après la guerre. Le destin de Joseph, orphelin à 7 ans, est effroyable. Expulsé de l’Assistance publique à cause de ses fugues, il est enfermé dans la prison pour enfants panoptique de La Petite Roquette, pour ensuite être envoyé à la Colonie pénitentiaire de Mettray. Il y connaît l’enfer, livré à la bestialité de gardiens avinés, violents et violeurs. En lisant ces descriptions, on en vient à imaginer que les nazis auraient très bien pu trouver l’inspiration de leurs propres camps de concentration dans ces espaces voués à l’arbitraire, à la sauvagerie et à la cruauté (l’extermination en moins). Même si le parcours de Joseph prend tout au long des pages une orientation plus positive, on a du mal à se représenter l’ignominie qu’il subit. On aimerait que ce tableau dressé avec précision et dextérité par Véronique Olmi soit l’hommage rendu à des générations martyrs du passé. Malheureusement, il pourrait bien être encore d’actualité dans bien des pays encore. Terrifiant !

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1319 ■ 07/06/2022