Adolescents délinquants et leurs parents. Bandes et violences en groupe
GAILLARD Bernard, HAMEL Sylvie, BRISEBOIS René-André, Ed. L’Harmattan, 2011,120 p.
La délinquance juvénile est le produit croisé d’une histoire complexe, à la fois affective et sociale, individuelle et collective. Certes, les évolutions sociétales contemporaines, en privilégiant la juxtaposition d’égoïsmes individuels et de positions solitaires tournées avant tout vers la jouissance sans retenue, ont découragé les comportements de supervision adulte dont ont tant besoin les plus jeunes. Pour autant, s’ils ont souvent été stigmatisés, par une société cherchant à fuir ses propres responsabilités, les parents ne peuvent être exonérés de leur implication par rapport à leur enfant. La famille constitue, pour lui, l’espace protecteur privilégié où il peut développer et valoriser sa personnalité. Mais, quand il est confronté à la défaillance de la contenance et de l’étayage moral qui lui sont nécessaires pour bien grandir, il peut choisir une stratégie de compensation et de survie psychique, en se tournant vers des valeurs idéalisées déviantes, des modèles transgressifs ou des pratiques délictueuses. L’incohérence et l’incontinence parentales n’offrent pas alors le cadre répondant aux tentations juvéniles d’aller au-delà des limites socialement acceptables. On peut le vérifier dans les parcours de vie de jeunes délinquants bien distincts de ceux de la plupart leurs pairs. Au-delà des nombreux facteurs tour à tour à culturels, ethniques, scolaires ou géographiques qui contribuent à favoriser les passages à l’acte, de nombreuses recherches attestent de corrélations entre la propension à l’acte délinquant et la déficient du milieu familial. Ainsi, cette étude longitudinale de 385 adolescents âgés de 10 à 17 ans, évalués quatre fois sur cinq ans, montre des liens significatifs entre une carrière délictuelle et la faible empathie manifestée par les parents, tout autant qu’avec leur manque de surveillance. L’une des conséquences peut alors être l’affiliation à des bandes permettant de combler des besoins fondamentaux de sécurité, d’appartenance et de reconnaissance que certains mineurs ne trouvent ni dans leur famille, ni à l’école, ni dans leur communauté. L’entrée dans ces gangs est plus fréquente dans les milieux familiaux monoparentaux et matricentrés, vivant dans de grandes difficultés économiques et se montrant peu cadrant. A contrario, une autre étude montre que les adolescents résistant à l’attirance de ces bandes vivent plutôt un attachement affectif fort, au sein de familles bénéficiant d’une bonne cohésion, d’interrelations de qualité et d’un important engagement parental. Ces recherches démontrent combien mes familles fragilisées ont besoin d’être aidées et accompagnées pour faire face aux difficultés de leurs enfants.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1058 ■ 12/04/2012